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2016/02/23

Chen Ming, “On Confucianism as a Civil Religion and its Significance for Contemporary China”

Un billet de Nicolas Gagné

Chen Ming, “On Confucianism as a Civil Religion and its Significance for Contemporary China”, Chinese Contemporary Thought 44.2 (winter 2012-13):  76-83.  Texte original publié en 2009.

On retrouve très peu d'information biographique en ligne à propos de Chen Ming. L'article nous apprend qu'il est professeur  au département de philosophie à l'Université normale de la capitale, à Beijing.

Chen pose clairement sa question dès la première phrase de son texte: quel rôle devrait jouer le confucianisme dans la Chine contemporaine? Pour y répondre, il mène notamment une étude sémantique du concept de « religion civile » et une brève exploration du rôle du confucianisme dans l'histoire chinoise.

La conclusion de l'auteur est que le confucianisme devrait devenir la « religion civile » de la Chine. Il rejette donc les deux orientations principales des penseurs confucéens contemporains: soit ériger le confucianisme en religion d'État (Jiang Qing, Kang Xiaoguang), soit l'écarter du domaine public pour en faire une religion purement personnelle, confinée à la vie privée (He Guanghu, Tang Wenming).


Jiang Qing, “Blessed are the Meek and the Peacemakers”

Billet de Vincent Perron

Jiang Qing, “Blessed are the Meek and the Peacemakers,” Contemporary Chinese Thought 44.2 (Hiver 2012-13):  39-60. Text original publié en 2011.

Né en 1952, Jiang Qing s’intéressa vite aux religions occidentales et orientales, et étudiera le nouveau confucianisme du 20e siècle qui tentait de se mélanger aux idéaux de démocratie libérale. Connaissant très bien les classiques confucéens, il décida après les événements de 1989 à chercher une solution aux problèmes de la société chinoise. La thèse qui suivit sa réflexion est que les idées de démocratie, liberté et égalité qui viennent de l’ouest ne se pas compatible avec la culture chinoise. Il fonda en 1996 l’académie de Yangming où il enseigne une éducation confucéenne à ses élèves.

Dans l’entrevue qu’il accorde à Ren Zong, un ami de Jiang Qing qui a enregistré ses réponses, il est d’abord invité à réagir sur la construction d’une église près du tombeau de Confucius dans la région sacrée de Qufu. Il compare ce moment à l’époque de la révolution culturelle qui fut aussi un moment très dur pour la région. Jiang Qing se défend d’être contre le christianisme, il dit même qu’il faut s’inspirer de la dévotion et de l’esprit de charité de cette religion dans le confucianisme.

Jiang Qing, « Le confucianisme de la « Voie royale »

Billet de Diana Malyutina

Jiang Qing, « Le confucianisme de la « Voie royale », direction pour le politique en Chine contemporaine », ExtrêmeOrient/Extrême-Occident [En ligne], 31 | 2009.

Jiang Qing est un nouveau confucéen qui est surtout connu pour critiquer le nouveau confucianisme dans le système politique chinois, comme il est question dans le texte étudié. La démocratie est aujourd’hui, particulièrement suite à la Guerre Froide, considérée comme le régime préferable en Occident mais Jiang Qing arrive à prouver le contraire en le comparant avec la « Voie royale » et démontrant ses défauts. Ceux-ci se manifestent principalement par le fait que la démocratie se caractérise comme un pouvoir dominant basé sur les intérêts immédiats du peuple et est mis en place par la majorité, le vote, ainsi ignorant le reste des avis. Prenant plus particulièrement l’exemple du modèle américain, il démontre que le système actuel manque de légitimité « sacrée » ou le « Ciel » qui fait partie de la Voie Royale. Celle-ci est également constituée de la « terre », soit l’histoire et la culture du peuple et « l’homme », soit la volonté et souveraineté du peuple. Selon lui, l’absence de ces trois critères dans un gouvernement baisse non seulement sa légitimité mais est aussi éfficace qu’à court terme car la démocratie a tendance à davantage se fixer sur le désir primaire du peuple sans prendre en compte la culture du pays et les anciennes pratiques gouvernementales pour pouvoir évoluer vers le meilleur à long terme.

Il faut cependant selon lui également prendre en compte l’importance de l’équilibre entre ces trois légitimités dans la mesure où l’autorité de un seul ne pourra être que nocif pour le pays et le peuple, générant ainsi une fragilité constante du régime imposé. La démocratie est, comme il explique, à base d’une conception intellectuelle tenant sur un contrat social, en manque de profondeur issue de l’histoire du pays qu’il considère indispensable pour la gouvernance de celui-ci.
Jiang Qing ne rejette pourtant pas totalement la démocratie car autant qu’il puisse démontrer que la Voie royale est supérieure à la démocratie, il est acceptable est même favorable pour le peuple d’en être renseigné pour donner son avis car telle est la légitimité de l’homme faisant partie de la Voie royale et l’ignorer serait contradictoire à ses propos.

2016/02/17

Zheng Ning, "Who are Intellectuals?"

Mariana Darvenne

Billet de Blogue 2


Zheng Ning, "Who are Intellectuals?"  Contemporary Chinese Thought 46.1 (Hiver 1997-98): 55-62.  Texte original publié en 1994.


Zheng Ning est un auteur chinois intéressé par les lois de médias et l’impact du web sur l’information et sa protection. Lors de années 1990, la Chine fait face à une transition politique qui va toucher toutes les strates de la société, inclusivement les intellectuels. Comme nous l’avons vu, lors du régime maoïste ils étaient poursuivis par l’État et la population. Avec la chute du régime, cela va changer et ils ont une nouvelle place dans la société. Cependant, ils doivent faire face à une société en transition qui passe par la croissance économique. Le marché chinois devient très important et a besoin, par exemple, de livres et œuvres pour vendre, la demande n’est plus la même. L’auteur voit les nouveaux produits vendus comme de la culture de « masse » ou « vulgaire ». Il comprends que la société est en transition et en conséquence les produits des intellectuels. Zheng Yang va donc se demander qui sont ces nouveaux intellectuels de Chine.

Dans un premier temps, l’auteur remarque que pendant cette nouvelle phase il y a un manque de valeurs morales et il faut donc s’adapter aux nouvelles demandes tout en créant un nouveau système de valeurs qui sera développé par les intellectuels qui sont vu comme  les « descendants » ou remplaçants des literati. Toutefois, ceux-ci avaient un rôle dans la société très spécifique contrairement aux intellectuels des années 1990, même si on espérait d’eux la mission et la responsabilité pour porter la moralité et l’installer dans la nouvelle société. Le commerce pris de plus en plus de place dans la société et divisa la strate des intellectuels, qui passèrent inconsciemment ou consciemment à abandonnent leur mission de créer une nouvelle culture ou qui persistent et ainsi survivent. Cependant, pour survivre ils doivent mettre leurs produits sur le marché et ainsi casser leur tradition avec les literati. À ce point, l’auteur comprends que les intellectuels n’avaient pas vraiment cette responsabilité d’utiliser leurs écrits moraux pour maintenir la valeur du système de la société ce furent des attentes idéalisées envers eux. De plus, Zheng Ning remarque qu’aujourd’hui il y a même un retour en arrière vers la culture de la révérence verbale envers les objets sacrés et même l’auto dénigrement sont en vogue.


Liu Xiabo "Internet et moi"

Billet de Kenta Mouphas

Liu Xiabo "Internet et moi", Vivre dans la vérité, Paris, Gallimard: p.352

Liu Xiabo est un professeur d'université, un écrivain et militant des droits de l'homme de l'ère des réformes en Chine. Il fut le lauréat du prix Nobel de la paix en 2010 pour récompenser "ses efforts durables et non-violents en faveur des droits de l'homme en Chine". En 2009, il fut emprisonné pour sa participation à la Charte 08, où il critique le régime totalitaire chinois.

Dans "Internet et moi", Liu Xiabo partage son expérience et ses opinions sur son introduction à l'Internet. Il était d'abord réticent à l'usage de l'ordinateur. N'arrivant pas à se familiariser avec, il préfère donc l'encre et le papier pour écrire ses articles.  Pourtant, avec les encouragements de ses amis, il découvre les bienfaits de cette nouvelle technologie. Sa vie d'écrivain dissident au régime chinois est facilitée, ses articles sont plus accessibles à l'étranger et les chances que ses articles soient interceptés sont moindres.  De plus, la communication avec ses pairs plus aisée et les réponses des rédacteurs plus rapides avec les e-mails. Il est en effet difficile de bloquer totalement l'Internet, ce qui permet à la population de s'en servir comme outil de discussion et d'échanges ainsi que comme moyen d'accès à l'information.


2016/02/16

Liu Xiaobo, «Derrière le miracle économique chinois»

Billet de Véronique Jolly

Liu Xiaobo, «Derrière le miracle économique chinois», Vivre dans la vérité, Gallimard, Paris, 2012, p.159

Liu Xiaobo est un écrivain et professeur, mais surtout un fervent défenseur des droits de l’Homme en Chine né en 1955. Il est professeur invité à l’université de Columbia à New York lorsque surviennent les évènements de Tian’an men et décide de retourner en Chine pour se joindre au mouvement contestataire. Non tant par ses actions, c’est plutôt par ses écrits pacifistes que Liu Xiaobo milite pour les droits de l’Homme et prône la fin du régime autoritaire chinois. La rédaction de la Charte 08, un manifeste critique envers la proximité des institutions chinois avec le pouvoir lui vaudra une condamnation à 11 ans de prison pour subversion du pouvoir de l’État en 2009. C’est également pour son militantisme pacifiste qu’on lui décernera en 2010 le Prix Nobel de la Paix, alors même qu’il est incarcéré.

Derrière le miracle économique chinois fait partie de nombreux textes écrits par Liu Xiaobo avant son incarcération et rassemblés en un recueil (Vivre dans la vérité) publié par Gallimard en 2012 dans le but de rappeler au public la lutte que mène l’écrivain. Dans ce texte, il raconte que c’est Deng Xiaoping le premier qui a promis une émancipation de la Chine par l’économie afin de maintenir l’ordre politique. Il dénonce le fait que l’économie chinoise a, depuis ce temps, toujours été étroitement liée au pouvoir, et que sous le «miracle économique chinois» se cache en réalité la corruption et l’injustice. C’est de ce fait cette avidité de richesse des plus puissants qui est la cause de la rapidité anormale avec laquelle s’est développée l’économie chinoise. Afin d’appuyer sa thèse, il dénote une particularité à cette économie dont les principes sur lesquels elle se fonde, soit la marchandisation et la privatisation, ne reposent pas sur les lois, mais plutôt sur le pouvoir, les riches étant ainsi protégés par l’état. Les liens étroits qu’entretiennent les plus riches avec le gouvernement ne profitent donc seulement qu’à cette classe aisée, et cette économie se développe au détriment «des droits de l’individu et du bien public».

Liu Xiaobo, "Derrière le miracle économique chinois"

Billet de Maxime Lagacé

Liu Xiaobo, "Derrière le miracle économique chinois," Vivre dans la vérité, Gallimard, 2012, p.159-166

L’image que reflète Liu Xiaobo est l’image typique d’un personnage de la scène publique internationale qui est vu comme un défenseur des droits de l’homme par certains pays et de traitre à la patrie dans son pays natal. Liu Xiaobo est avant tout un écrivain, un professeur à l’université et un militant important dans le combat pour les droits de l’homme. Il a été un des nombreux signataires de la Charte 08. Cette charte demande essentiellement une réforme politique et un mouvement démocratique en Chine. C’est à la suite de la parution de cette charte qu’il va être emprisonné par le gouvernement chinois sous le chef de suspicion et d’incitation à la subversion du pouvoir de l’État. Son emprisonnement va soulever un tollé de réactions à travers le monde pour qu’il soit libéré. Par la suite, il va recevoir le prix Nobel de la paix en 2010 pour son œuvre pour son combat pour obtenir plus de droits pour les hommes en Chine. Cet honneur va faire en sorte qu’une mini crise diplomatique va éclater entre la Chine et les pays qui soutiennent Liu Xiaobo. Il ne pourra pas assister à la cérémonie puisqu’il est encore, à ce jour, emprisonné en Chine.

Le texte de Liu Xiaobo nous renseigne sur sa vision de l’évolution de l’économie chinoise depuis les années 80 jusqu’à aujourd’hui. Plus précisément, les politiques qui ont suivi les manifestations de la place Tian’anmen. Il critique particulièrement les agissements du gouvernement chinois envers les hauts placés de la société qui se partage l’argent et le pouvoir contrairement au reste de la population. Il dénonce les motivations du gouvernement de Deng Xiaoping de vouloir mettre de l’avant une stratégie économique forte pour récupérer sa légitimité du pouvoir en créant une stabilité politique.

Liu Xiaobo, Postface à La politique chinoise et les intellectuels contemporains

Billet de Laetitia d’Orsanne

Liu Xiaobo. Vivre dans la vérité : Postface à La politique chinoise et les intellectuels contemporains (2012)

Liu Xiaobo est un littéraire critique chinois, un écrivain, un professeur et un militant pour les droits de l’humain. Même s’il a souvent été emprisonné, cela ne l’a pas empêché d’écrire beaucoup d’œuvres et de recevoir le prix Nobel de la paix en 2010 pour son combat en faveur des droits de l’homme en Chine. Actuellement, il est toujours en prison, car il est un des auteurs de la Charte 08. Des ONG et d’autres ont appelé à sa libération, mais sans succès.

Le livre Vivre dans la vérité permet à Liu de continuer son œuvre de défendre les libertés fondamentales de chacun. Sa postface à La politique chinoise et les intellectuels contemporains permet d’introduire l’idée principale de son livre et d’exprimer sa pensée sur la crise actuelle à laquelle fait face l’humanité.

Liu commence son texte en écrivant qu’il va comparer la Chine et l’Occident dans le but de montrer les caractéristiques et les faiblesses chinoises. Cette opposition a pour but – comme il le cite – d’apporter un sang neuf à la Chine. Puis, il va analyser la Chine de la réforme. Il explique son choix de confronter deux sociétés en évoquant l’exemple de Lu Xun. Puis, il critique la pensée chinoise qu’il juge trop utilitariste et enfermée dans le passé. Pour lui, chacun doit avoir une existence individuelle pour produire une création intellectuelle de haut niveau. Ensuite, Xiaobo critique son idéalisme chimérique envers la culture occidentale. Il avoue son erreur et exprime même que critiquer la culture chinoise avec comme référence la culture occidentale ne se fait pas, car ce serait perdre sa salive puisque ces deux sociétés ne sont pas au même niveau. L’auteur continue en exposant son idée que l’humanité fait face à beaucoup de difficultés et c’est encore pire aujourd’hui, car les gens ont tué les valeurs sacrées de la religion (le pêché originel n’a plus d’importance). Il termine son texte en jugeant défavorablement les Occidentaux qui adulent la Chine. Néanmoins, son cinquième point est une critique positive, car il apprécie ceux qui étudient la Chine de façon objective.


Liu Xiaobo, « Internet et moi »

Billet de Ana Block

Liu Xiaobo, « Internet et moi », Vivre dans la vérité, textes choisis et présentés par Geneviève Imbot-Bichet, Paris, Gallimard, 2012, p. 105-119. Texte écrit le 14 février 2006 au domicile de Liu Xiaobo à Pékin, paru pour la première fois dans La Chine démocratique, le 18 février 2006. Traduit par Geneviève Imbot-Bichet.

Contestataire, dissident, prix Nobel de la paix, Liu Xiaobo combat pour les droits de l'homme en cherchant à conduire la Chine sur des voies démocratiques : il réclame ouvertement un changement de régime. Largement connu en Occident, Liu Xiaobo, né en 1955, est un écrivain, professeur d’université et militant des droits de l’homme. Comme il a dénoncé le massacre de Tiananmen en 1989 et continué depuis à dénoncer le cynisme du régime, il séjourne fréquemment en prison. Président du Centre chinois indépendant, il est placé en détention en 2008 pour avoir participé à la rédaction de la Charte 08, un manifeste critiquant le régime autoritaire et réclamant la démocratie. Formellement arrêté en 2009, il est condamné à 11 ans de prison pour subversion. En 2010, le prix Nobel de la paix lui est attribué pour ses « efforts durables et non violents en faveur des droits de l’homme en Chine ».

Quelques mots sur l’éditrice Geneviève Imbot-Bichet, sinologue et traductrice, est également fondatrice/directrice des éditions "Bleu de Chine", spécialisées dans la littérature chinoise contemporaine.

Vivre dans la vérité est un recueil d’essais marqué par la dissidence, l’oppression et l’analyse du malaise moral en Chine. À noter que le recueil a été publié deux ans après l’attribution du prix Nobel, une « nécessité » pour ne pas oublier l’auteur, selon l’éditrice.


Liu Xiaobo, "Internet et moi"

Billet de Kaouthar Koulmi

Xiaobo, Liu .  "Internet et moi," Vivre dans la vérité, Paris, Gallimard, 2012, 352 p.

Liu Xiaobo est un docteur en lettres connu, notamment à travers ses nombreux articles, pour sa participation active pour la défense des droits de l’homme en Chine. Ses écrits sont surtouts publiés à l’étranger, puisqu’il ne peut s’exprimer sur sa terre natale. Cela, après son implication dans les manifestations de Tiananmen en juin 1989. Au cours de sa carrière militante, il fut président de 2003 à 2007 du Centre chinois indépendant, un organisme réunissant 230 membres dans le monde pour défendre la liberté d’expression. Il est également le premier citoyen chinois à recevoir le prix Nobel de la paix en 2010. Emprisonné à plusieurs reprises dans sa vie pour ses propos critiquant les politiques anti-droits de l’homme en Chine, il purge depuis 2009 une peine de onze ans de prison pour avoir écrit la Charte 08. Ce texte, s’inspirant du modèle de la Charte 77 tchèque,  invitait les intellectuels chinois à se lever et à militer pour plus de démocratie. La condamnation de Liu Xiaobo avait, à l’époque, soulevé un tollé international et plusieurs dirigeants, notamment la chancelière allemande, s’étaient  exprimés contre cette peine. Sa femme, Liu Xia, fut elle-même placée en résidence surveillée après qu’il eut reçu son prix Nobel. Cet intellectuel représente une figure internationale de lutte pour la liberté en Chine.

"Internet et moi," l’article dont il est question ici, est paru dans le journal indépendant La Chine démocratique, en 2006. Il traite de l’apport d’internet pour la lutte des droits de l’homme, sujet de prédilection de l’auteur. Liu Xiaobo y raconte sa propre expérience de dissident avant et après l’avènement d’internet. Il montre tous les avantages de cette technologie et explique comment cette révolution informatique change la donne dans la diffusion des informations en Chine. L’auteur souligne que, malgré les efforts des autorités, on ne peut museler internet. Cela représente donc un enjeu majeur, puisque les militants peuvent désormais mobiliser les masses rapidement, grâce à des pétitions en ligne notamment, ce qui aurait été long et compliqué par le passé. Ces masses ont maintenant aussi accès à l’actualité que le gouvernement ne peut plus leur cacher. Internet marque donc un tournant majeur en Chine, les autorités étant, malgré tout, obligées de s’en servir pour l’apport économique non négligeable qu’il représente. Rappelons aussi que, pour l’auteur, une lettre ouverte est la principale voie pour faire valoir l’opinion publique et la résistance populaire. C’est d’ailleurs grâce à cela que fut amorcé le mouvement étudiant de 1989. Les pétitions, un autre moyen de pression que privilégie l’auteur, sont aussi facilement diffusables grâce à ce média. Pouvoir ainsi avoir accès à autant de foyers en si peu de temps marque une avancée énorme. Liu Xiaobo y voit une lueur d’espoir pour l’avenir de la liberté d’expression qui ne pourra plus jamais être étouffée comme à l’époque pré-internet, où faire propager  un article était couteux, lent et surtout risqué, les moyens des communication tels que le téléphone étant soumis à une étroite surveillance par exemple.  La rédaction de l’article est également plus simple, puisque l’auteur peut, dans un même ordinateur, lire et réunir les textes de ses camarades,  corriger rapidement le produit fini et l’envoyer à ses collègues au moyen d’un simple ordinateur. Ainsi, cette technologie est une clé pour l’affranchissement des Chinois contre le joug du gouvernement. Bref, internet, selon Liu Xiaobo, permet de diffuser et collecter plus rapidement l’information, de sensibiliser et mobiliser la population à certains enjeux qui leur étaient censurés et d’augmenter la visibilité des réactionnaires leur procurant ainsi une certaine popularité. Par conséquent,  le gouvernement ne peut plus étouffer les initiatives démocratiques face à la puissance et les avantages que représente l’arme internet.

Derrière le miracle économique chinois

Billet de Sophie Gauthier

Liu, Xiaobo. 2012. « Derrière le miracle économique chinois ». Dans Vivre dans la vérité. p. 159-166.

Liu Xiaobo (1955-) est un professeur de littérature à l'université et un écrivain. Il est également un activiste pour les droits de l'homme en Chine. Plusieurs de ses écrits sont connus pour être radicaux et à tendance « pro-occidentale ». En 2010, il reçut le prix Nobel de la Paix pour sa lutte pour les droits humains au pays. Toutefois, depuis 2009, Liu purge une peine en prison car il est soupçonné d'inciter la contestation face au pouvoir du gouvernement.

L'objectif de Liu est de montrer au lecteur que le miracle économique chinois n'est pas aussi prestigieux qu'il en a l'air, et que ses impacts sur le peuple sont loin d'être majestueux. Il affirme que la rapidité du progrès économique en Chine fut causée par la soif intense de clans puissants désirant s'enrichir (rapidement), et que ce « miracle » est en fin de compte quelque chose de superficiel qui ne devrait pas être acclamé. De plus, cette propulsion économique fut un bon moyen pour Deng Xiaoping de stabiliser son pouvoir suite aux manifestations de la place Tian'anmen.
Pour expliquer comment la plupart des membres puissants du Parti ont fait fortune, Liu explique que le développement économique de la Chine repose sur deux éléments: la marchandisation et la privatisation. Toutefois, seules les élites possédant le pouvoir les contrôlent et profitent des bénéfices. Ces dernières ont également le monopole dans d'autres secteurs de l'économie chinoise, tels que la propriété foncière et le marché financier. Pour Liu, ce « développement à la chinoise » a non seulement violé les droits de la personne, mais également une minorité seulement a pu bénéficier de ces gains.

The Art of Dissent – A Chat with Ai Weiwei

Billet de Marie-Ève Berthelet

« The Art of Dissent – A Chat with Ai Weiwei », World Policy Journal, Automne 2012, p.15-21
Ai Weiwei

Ai Weiwei est un artiste activiste chinois contemporain mondialement connu. Il participe entre autres à l’élaboration du stade olympique pour les jeux de Pékin de 2008. Il prend cependant plus tard la parole pour le boycott de ces mêmes jeux olympiques. En 2010, il est arrêté et détenu durant 81 jours, supposément pour fraude fiscale, mais il s’agirait en fait pour ses prises de position contre le Parti Communiste Chinois. Son arrestation fera écho dans le monde entier, des protestations s’organisant devant plusieurs ambassades de Chine. En 2012, il accorde une entrevue au World Policy Journal, papier officiel de la World Policy Institute.

Le World Policy Journal se veut intellectuel, ouvert sur le monde, libre – on dit même allergique -  de dogmes. On y cherche des points de vue divers provenant des quatre coins du globe. Parmi les sujets habituellement traités, il y a les changements géopolitiques et économiques, la sécurité mondiale, les conflits régionaux, les controverses politiques, les changements culturels et sociaux, thèmes explorés sous forme de texte continu ou encore d’entrevue avec un penseur important – comme c’est le cas pour le texte ici présenté.

2016/02/10

Wang Ruoshui, Discussing the Problem of Alienation

Billet de Marie-Hélène Gendron

Wang Ruoshui, "Discussing the Problem of Alienation," Contemporary Chinese Thought 16.3 (Printemps 1985): 25-38.  Texte original publié en 1980.

Né en 1926 et décédé en 2002, Wang Ruoshui était un journaliste et philosophe chinois qui adhérait aux idées de l'humanisme marxiste ainsi que du libéralisme chinois.  Il a rejoint le parti communiste avant 1949, lors de la naissance de la République populaire de Chine, et a travaillé comme éditeur pour le Quotidien du Peuple, le journal officiel du comité du parti communiste chinois.  Il a longtemps été un fervent partisan du maoisme.  Après la Révolution culturelle, dans les années 1970, il condamne cette dernière ainsi que le culte de Mao.  En 1987, il sera expulsé du parti communiste et continuera à critiquer le régime.

Dans "Discussing the Problem of Alienation," il définit non seulement ce qu'est l'aliénation, mais également comment elle est également présente dans le régime en Chine.  Ce qu'il tente de démontrer dans ce texte, c'est que malgré tous les efforts mis en place pour respecter le marxisme, il n'en reste pas moins que le concept d'aliénation est trop laissé de côté et qu'on n'y porte pas assez attention.  Bien que le problème ait été discuté en Chine, aucun travail n'a été fait pour le résoudre selon lui.  Il démontre dans ce texte que l'aliénation est un important problème dans la Chine où les serviteurs du peuple en sont devenus les maîtres.


Wang Ruoshui, "A Defense of Humanism"

Billet de Mariana Darvenne

Wang Ruoshui, "A Defense of Humanism," Contemporary Chinese Thought 16.3 (Printemps 1985): 71-88.  Texte original publié en 1983.".


Wang Ruoshui est un philosophe et journaliste chinois né en 1926 et mort en 2002. Il est un des exposants majeurs du Marxisme humaniste et du libéralisme chinois. Dans les années 1940 il étudiait la philosophie jusqu’à joindre mouvement marxisme juste avant que le parti communiste établisse la République Populaire de Chine en 1949. Pendant ses années au sein du parti il était dévoué à la cause et grand défendeur du maoïsme et de Mao Zedong en personne. Lors de la Révolution Culturelle on lui demande d’écrire un article qui dénonce l’humanisme, qui était considérée une doctrine bourgeoise. Ce serait donc une raison en plus pour critiquer les intellectuels. Cependant, lors de ses recherches, il se rendu compte que Marx lui-même était un défenseur de l’humanisme. Cela était traduit dans ses ouvrages par la valeur humaine et Wang l’interprète comme un Marxisme humaniste

L’auteur commence par expliquer que l’Humanisme est une idée plurielle, il le retrouve donc dans les écrits de Marx, par exemple, remarquant que de ses plus jeunes écrits au dernier il défend la valeur humaine, « il n’y a pas d’essence plus élevée que celle de l’Homme ». Il va tout d’abord rappeler que l’Humanisme est un courant bourgeois apparu lors de la Renaissance et développé par les intellectuels. Cependant, ce concept n’est pas uniquement bourgeois. Selon Wang, la valeur humaine revient à l’importance de l’individu dans la collectivité. Ensuite, il nous explique que « l’Humanisme révolutionnaire » serait une révolution qui ferait les individus prendre conscience de cette valeur.


2016/02/09

The Mao Regime

Billet de Marie-Ève Berthelet

Theodore De Bary et al. « Sources of Chinese Tradition, vol. 2 », Columbia University Press, 2010, chapitre 36, p.450-481

Theodore De Bary est un sinologue américain reconnu, entre autres, pour avoir créé le champ d’études néo-confucéennes. Spécialisé en traditions religieuses et intellectuelles d’Asie de l’Est, il enseigne à l’université Columbia depuis 1953. Dans son ouvrage « Sources of Chinese Tradition vol. 2 », il rassemble et commente des sources premières chinoises du 17e siècle à aujourd’hui.
Dans le chapitre 36, il s’attarde au régime de Mao et y réunit plusieurs sources indispensables à sa compréhension. Sans avoir une thèse en particulier - les sources étant vraiment l’essentiel du texte, plutôt que les idées de l’auteur -, De Bary tente surtout de souligner la progression du régime vers la répression, alors que ses débuts se font avec des progrès sociaux réels et quantifiables, tels l’amélioration du système de santé, la baisse de la mortalité infantile et l’augmentation de l’espérance de vie.

Le chapitre est divisé en cinq parties thématiques : Establishment of the People’s Republic, Changes in Mid-Course, Intellectual Opinions from the Hundred Flowers Period, The Cultural Revolution et Red Guard Memoirs. Dans la première partie, les sources font surtout état des relations avec l’URSS qui sert alors de grand exemple à la Chine. La deuxième partie aborde la collectivisation des terres agricoles et le début de la répression des idées divergentes. Dans la troisième partie sont réunis quelques textes d’opposition timide au régime maoïste de la part d’intellectuels chinois, ainsi que la réponse de Mao à ces critiques – le lancement du Grand Bond en Avant – et enfin de nouvelles opinions face au Grand Bond en Avant. L’avant-dernière partie ne contient que des paroles ou écrits de Mao, en lien avec la mise en place de sa révolution culturelle. Finalement, la dernière partie est constituée de souvenirs de quelques gardes rouges, acteurs d’importance dans la mise en place de la révolution culturelle.

Liu Binyan, Le cauchemar des mandarins rouges

Un billet de Lucie Mirouze

Liu Binyan, « Le cauchemar des mandarins rouges, journaliste en Chine », Au vif du sujet, Gallimard, Paris, 1989

Liu Binyan est un journaliste et écrivain dissident chinois connu comme étant le maitre de la « littérature de reportage ». Son œuvre se concentre sur les contradictions de la société chinoise sous le pouvoir communiste et tente de redresser le système de l'intérieur. Il enquête notamment sur la corruption, les abus de pouvoir et la répression en montrant les victimes de ce système. Écrivain des plus admirés il sera aussi la victime de son œuvre quand il est considéré comme un droitier pendant la Révolution culturelle de 1966 et plus tard quand il sera exilé aux États-Unis où il mourra.

C'est en 1979 qu'il publie Cauchemar des mandarins rouges, un livre qui parle de tout ce qu'il combat : abus de pouvoir, corruption, victime du système... Dans l'extrait étudié, l'auteur cherche à nous montrer les contradictions du système au travers de deux exemples de sans parti. Un intellectuel nommé Chen Shizhong et un soldat nommé Ni Yuxiang, qui oseront dire ce qu'ils pensent en critiquant le système.

Chen Shizong est un brillant étudiant qui va être déçu de la politique gauchiste de Mao auquel il décide d'écrire une lettre. Il y dénonce le danger de ne pas admettre que le parti communiste puisse faire des erreur et l'aveuglement de tout ceux qui suivent Mao sans le contredire. Cette lettre ainsi que sa prise de position le feront passer pour un contre-révolutionnaire actif et lui coûtent huit ans de prison.

Wei Jingsheng, La 5e modernisation

Texte de Kenta Mouphas

« La cinquième modernisation et autres écrits du « Printemps de Pékin » » de Wei Jingsheng

Wei Jingsheng fait partie des dissidents chinois les plus connus et est un symbole du mouvement de revendications démocratiques en Chine. Ancien garde rouge lors de la Révolution culturelle, Wei fut un candidat de choix plusieurs fois pour le prix Nobel de la Paix. En 1996, il fut le lauréat du prix Sakharov pour la Liberté de Pensée.

Son œuvre, « La cinquième modernisation et autres écrits du « Printemps de Pékin », est une critique du régime politique de Mao, du Grand Bond en avant et de la Révolution Culturelle. Il critique aussi une nouvelle formule politique appelée les « Quatre modernisations », qui consistent à matérialiser le rêve de démocratie et de prospérité des héros décédés sur la place Tian’anmen. À la suite de la publication de son ouvrage, Wei est accusé d’avoir livré des informations militaires à des soldats français et anglais. Il fut également accusé de promouvoir un mouvement-contre révolutionnaire par le biais de ses écrits.

Cependant, ces quatre modernisations ne sont que des illusions égales à celles du Grand Bond en avant et de la Triple Bannière rouge. Le règne de Mao et celui de Deng Xiaoping sont identiques, le peuple vénère un symbole politique et lui attribue tous les mérites. C’est grâce à leur charisme que les leaders réussirent à convaincre la population de les suivre. Advenant un refus de coopérer, les dissidents étaient emprisonnés.

Fang Lizhi, Abattre la grande muraillle

Un billet de Kaouthar Koulmi

Lizhi, Fang. Abattre la grande muraillle; sciences, culture et démocratie en Chine, Paris, Albin Michel, 1993, 322 p.

Titre : La démocratie chinoise vue de l’observatoire de Pékin.

Fang ,Lizhi (1936-2012) est un scientifique, universitaire et dissident chinois. En parallèle avec ses travaux, notamment en astrophysique, il est très impliqué socialement et recevra d’ailleurs le prix Robert F Kennedy des droits de l’homme en 1989. Sa profession de physicien se ressent dans ses textes, puisque plusieurs exemples qu’il énonce y font échos. Il fait  souvent référence à de grandes figures de ce domaine pour illustrer ses propos, pensons aux nombreux clins d’œil à Galilée dans son œuvre, comme dans son essai de Newton à Einstein ou encore dans son texte Note sur « l’interface entre sciences et religion ».  Pour lui, il en est question dans son discours "Considérations sur la réforme," c’est grâce à la physique, par le biais de la création de la CERN que les Européens ont appris à collaborer et à enterrer la hache de guerre. Le destin de la science et de la société sont donc liés et l’ouverture à l’étranger est une avancée positive, en ce sens. Cet esprit est d’ailleurs bien présent dans le texte La démocratie chinoise vue de l’observatoire de Pékin, sur lequel nous nous penchons à présent plus en détails.

Mais attardons-nous d’abord à la vie de Fang Lizhi. D’abord membre du parti communiste chinois, il en est expulsé en 1959 suite aux propos « droitistes » qu’il a tenu lors de la campagne des Cents fleurs de Mao. À nouveau réhabilité à la mort de ce dernier, son appui pour les étudiants en quête de démocratie lui vaudra une nouvelle exclusion du PPC en 1986. Après un nouvel appui aux étudiants dans le cadre des manifestations de la place Tiananmen, dont il influencera les principaux leaders, il est contraint à l’exil aux États-Unis en 1990 où il décéda en 2012.

Wang Ruoshui sur l'aliénation

Billet d'Olympia Lui

Wang Ruoshui (1926-2002),"Discussing the Problem of Alienation" (“谈谈异化问题”/ Tantan yihua wenti) : 新闻战线 Xinwen Zhanxian (Journalism front line) 8 (1980) 8-11.

The author Wang Ruoshui was a 20th century journalist and philosopher. He started his career when he converted to Marxism and joined the CCP in the late 1940s, before they gained political power in China. In 1950, he joined the official newspaper of the CCP, People’s Daily, and became editor of the theory section. He was a strong Maoist at the time, and was involved with the campaigns. But in the late 1970s, upon seeing the damages and the disastrous results, he condemned the Cultural Revolution and the Cult of Mao. Naturally, Wang lost his job at the newspaper and was later expelled from the CCP in 1987. He criticised the regime and was no longer allowed to publish in China. Wang Ruoshui was born in Shanghai in 1926 and died in Boston, Massachusetts in 2002, where his wife was a fellow at Harvard.

"Discussing the Problem of Alienation" was a lecture given by Wang for the journalism study class at People’s Daily in June 1980, but since it received a lot of interest, it was later published as a paper in order to reach more people. This lecture was given during the period of his career where he started condemning the revolution and the Cult of Mao.

In this lecture, Wang Ruoshui tries to show that alienation, an idea introduced by Marx at an early age, was present and was a problem in Mao’s regime, as it continues to be an unresolved issue. His argument is supported by theories by famous thinkers and philosophers (Marx, Engels, Hegel and Feuerbach), and he also quotes Mao Zedong a few times.

Fang Lizhi and Chinese Intellectuals' Uncertain Road to Dissent

Un billet de Vincent Perron

Christopher Buckley," Science as Politics and Politics as Science:  Fang Lizhi and Chinese Intellectuals' Uncertain Road to Dissent," Australian Journal of Chinese Affairs 25 (Jan 1991):  1-36.

Christopher Buckley est un journaliste australien, et un doctorant en études chinoises et en sociologie. Il écrira l’article dans l’Australian Journal of Chinese Affairs en 1991, journal international spécialiste de la Chine depuis 1979. L’article de Buckley se concentre autour du scientifique Fang Lizhi et du mouvement intellectuel qu’il a réussi à stimuler surtout durant les années 80. Il se concentrera sur l’évolution de la pensée politique du scientifique. Astrophysicien et professeur à l'Université de Science et Technologie, il contribuera avec sa pensée aux manifestations avant et pendant l'évènement de la place Tian’anmen en 1989. Exilé de la Chine après 1990, il finira par enseigner dans son domaine à l’université de l’Arizona aux États-Unis.

L’auteur de l’article va d'abord expliquer le parcours de Fang Lizhi. Communiste, il fera l’erreur de participer à la campagne des cent fleurs et fut après 1957 empêcher de publier des articles scientifiques et même emprisonnés durant 3 années. L’auteur mentionnera qu’une des sources de sa dissidence est sa croyance au à la théorie du Big Bang qui est contraire à la doctrine matérialiste du communisme qui stipule que l’univers est infini. Ce sera une faille dans la théorie marxiste que le scientifique ne pourra ignorer. Fang Lizhi développera la pensée que la science est plus importante que la philosophie. Ainsi, il faut réformer le communisme, qui est une philosophie, en une vraie science qui doit être étudiée, pratiquée et critiquée pour être améliorée.

Les lettres de Hu Feng

Un billet de Marisha Pauzé

«Hu Feng's Letters», in Patricia Ebrey, ed., Chinese Civilization and Society:  A Sourcebook., New York : Free Press,1981.p. 341 à 344

Patrica Ebrey a regroupé dans cet ouvrage un grand nombre de textes écrits par des intellectuels chinois dans le but de partager la vision et la pensée chinoise de leur propre histoire, et ainsi de mieux comprendre les réalités complexes et nombreuses de cette civilisation. On retrouve dans ce livre une série de lettres écrites par Hu Feng entre 1944 et 1955, dans laquelle il présente une opposition à la ligne directrice du parti.

Hu Feng (1902-1985) est un écrivain ainsi qu’un théoricien et critique de l’art littéraire chinois. Il s’oppose dans ses écrits à la conception de Mao Zedong du réalisme dans l’art et dans la littérature. Selon Mao, ce sont des outils de propagande qu’on doit imprégner du discours politique dans le but de faire pénétrer l’idéologie communiste dans les différentes couches populaires. Il considère que les artistes et les écrivains doivent se mobiliser pour la révolution et limiter leur production à cette fin. Hu Feng  quant à lui cherchait à mettre de l’avant la liberté de parole et presse. Là où le discours marxiste chinois prônait une doctrine matérialiste et collectiviste, Hu Feng défendait une pensée individualiste et idéaliste. Ce clivage idéologique entre Feng et le Mao Zedong va amener une répression féroce à son égard et va résulter à son arrestation en 1955. Suite à sa critique du quotidien populaire Litterary Gazette en 1954, il va être sujet à une série de dénonciations dans le People’s Daily organisée dans laquelle ses lettres étaient critiquées et accusées d’être bourgeoise et contre-révolutionnaire.

2016/02/01

Hu Feng

Billet de Charles-David Lagacé

Hu Feng's Letters

Hu Feng est connu sous deux autres noms; Zhang Mingzhen et Zhang Guangren. Il est né en 1902 dans la province de Hubei. Il était théoricien, littéraire ainsi que critique de tout ce qu'il voyait et ce qui touchait la Chine autant sur l'économie que la politique. Il suit avec rigueur la théorie du marxisme dans la politique et  les besoins relationnelles, cependant lorsqu'il utilise sa plume c'est tout autre. Il a une autre personnalité lorsqu'il écrit des articles critiques ou scientifiques, le marxisme n'y est plus et pourtant il a étudié dans des université de Chine et même au Japon pour analyser la littérature anglaise. Il est du type provocateur et extrémiste dans ses propos ce qui lui a valu un emprisonnement de 1955 à 1979 à cause de sa littérature dite créateure et antirévolutionnaire. Il est mort en 1989 à Beijing.

Son objectif principal a toujours été de faire avancer le libéralisme chinois dans une société où les dirigeant sont pour la plupart aucunement libéraux. Étant un idéaliste et un homme sans filtre, il a écrit des lettres dès 1944 jusqu'à son arrestation en 1955. Ses lettres varient souvent, pour une c'est des pensées critiques après avoir un livre qu'il a trouvé trop peu général dans les sujets abordés et non justifiable l'achat ainsi que ceux qui sont contre sa façon de procéder n'ont que des idées matérialistes. Dans une autre lettre, il critique le fait que le magasine chinois censure ce qu'il veut et publie ce qui est potable à ses yeux pour qu'l n'y ait pas de propagandes ou des écrits non adéquats qui donneraient de mauvaises idées aux lecteurs. 

The Mao Regime

Billet de Patrick Wiley

Theodore DeBary, et.al., Sources of Chinese Tradition, vol. 2, "The Mao Régime"

William Theodore de Bary est un sinologue américain né en 1919.  Il s’est intéressé au néo-confucianisme et à la littérature chinoise.  Ayant étudié et enseigné à l’Université Columbia, il a joui tout au long de sa carrière d’une grande réputation et d’une grande crédibilité en tant qu’historien pionnier des études néo-confucéennes.  Avec plus d’une trentaine d’œuvres à son actif, dont Sources of Chinese History, vol. 2, il a éclairci plusieurs aspects de l’histoire chinoise.

Dans "The Mao Régime", de Bary s’est demandé comment la révolution a failli échouer dès le début, pour éventuellement connaître du succès.  Pour ce faire, il a réuni des témoignages et des écrits de membres de plusieurs classes sociales en Chine.  L’article est divisé en quatre sections : 1- « Establishment of the People’s Republic », 2- « Changes in Mid-Course », 3- « Intellectual Opinions from The Hundred Flowers Period » et 4- « The Cultural Revolution ». De Bary a suivi une trame chronologique, chaque section étant une synthèse d’une des phases de la révolution. La première section traite des origines soviétiques de la révolution maoiste. La deuxième traite des premiers pas de la révolution.  La troisième traite de la réaction populaire.  Finalement, la quatrième traite de la révolution culturelle restrictive.  De Bary a réuni des sources primaires, précédées par sa propre vulgarisation de la situation. Ces sources sont entre autres des discours officiels (souvent de Mao), des témoignages populaires (dans la section 3), des rapports officiels (ex. « Report on the First Five-Year Plan for Development of the National Economy of the People’s Republic of China in 1953-1957, July 5 and 6, 1955 ») et des lettres.

Hu Feng

Billet d'Ana Block

Hu Feng's Letters, in Patricia B. Ebrey, ed., Chinese Civilization and Society:  A Sourcebook, New York, Free Press, 1981, p. 429.

Professeure à l’Université de Washington, Patricia B. Ebrey (1947) est historienne américaine, spécialisée dans les questions culturelles et de genre au cours de la dynastie chinoise des Song. Dans le livre Chinese Civilization and Society : A Sourcebook, elle présente des documents de source primaire couvrant l’histoire chinoise, de la période classique au 20e siècle. Dans le chapitre consacré aux lettres de Hu Feng, Ebrey fournit une brève explication du contexte historique et la portée des lettres.

Hu Feng (1903 – 1985) était un écrivain et théoricien de l’art et de la littérature chinoise. Éditeur d’un journal et critique d’art, il s’oppose à la théorie communiste qui considérait que la littérature devait refléter la lutte de classe, même s’il se considérait marxiste. Il se retrouve confronté idéologiquement à Zhou Yang, qui défend une « littérature de défense nationale ». Hu exprime sa résistance au dogmatisme dans les cercles littéraires communistes et ne souscrit pas aux « Entretiens sur la littérature et l’art » de Mao Zedong, dans lequel la littérature et l’art sont définis comme des instruments politiques. Hu subit dès lors une campagne l’attaquant par Zhou Yang, orchestrée par Mao à partir de 1955 et est considéré comme contrerévolutionnaire. Il est arrêté et détenu. Les lettres de Hu seront utilisées comme preuves de ses activités contrerévolutionnaires. Il est réhabilité et libéré en 1980. Il reprend ses activités dans le monde littéraire jusqu’à sa mort.

Wang Meng, "A New Young Man in the Organization Department"

Un billet de Sophie Gauthier

Wang Meng, "A New Young Man in the Organization Department," in Patricia Ebrey, ed., Chinese Civilization and Society: A Sourcebook.

Wang Meng (1934-) est un écrivain chinois. En 1949, il joignit la Ligue de la jeunesse communiste, mais fut plus tard exilé dans un camp de travail pour ses écrits jugés droitistes (il fut exilé une seconde fois en 1963). Dans cette histoire, Wang Meng souligne les problèmes de la bureaucratie dans le parti, notamment en réponse à la campagne des Cent fleurs lancée en 1956 par Mao Zedong afin de recueillir les idées d'intellectuels pour améliorer le parti.

Un jeune homme de vingt-deux ans nommé Lin Chen entre pour la première fois dans le département d'organisation du comité de district du parti. Sa tâche est de veiller au recrutement du parti dans les usines. Lin est très enthousiaste et est persuadé du commencement d'une toute nouvelle vie. Cependant, il se rend compte que l'ambiance et l'éthique de travail au parti ne reflètent pas du tout le contenu de ses leçons à l'école primaire. Lorsqu'il se rend à une usine de fabrication de sacs pour s'y enquérir du recrutement, la conversation monotone avec un membre du comité d'organisation de l'usine nommé Wei Ho-ming finit par diverger. Wei révèle à Lin que son supérieur (et directeur de l'usine) Wang Ching-chuang travaille peu. Malgré les plaintes de Wei au sujet de Wang, rien n'a vraiment changé. Lin Chen est indigné et se met au défi de changer les choses. Toutefois, il se bute contre son chef de travail Han Chang-hsin et le vice-directeur du département d'organisation Liu Shih-wu, qui le conseillent de ne pas critiquer des plus anciens. Puis, Lin est réprimandé après avoir supporté Wei dans la création d'un groupe de discussion pour des ouvriers de l'usine voulant exprimer leur opinion.

Hu Feng

Billet de Laetitia d'Orsanne

Patricia Buckley Ebrey est une historienne américaine de la fin du XXe et du XXIe siècle qui se concentre sur la culture et le genre en Chine. Elle est surtout une spécialiste de la dynastie des Song. En 1981, elle publie le livre Chinese Civilization and Society : A Sourcebook. Il contient beaucoup de documents – tels que des lettres – qui renseigne le lecteur sur la société chinoise. Son ouvrage devient une bonne base pour ceux qui veulent en savoir plus sur les aspects et les problèmes de la société chinoise.

Dans une section de son livre, Ebrey présente des lettres, un discours et un article de journal produit par Hu Feng.  Cet homme était un écrivain et un littéraire pendant la guerre sino-japonaise et sous le régime de Mao Zedong. Il critiquait par l’écrit la politisation extrême de l’art et de la littérature par Zedong. Son « offensive » était telle qu’en 1955 il s’est fait arrêter comme contre-révolutionnaire. Il sera relâché qu’en 1979 et réhabilité en 1980. 

Les lettres présentées expliquent clairement la censure dont font face les intellectuels qui ont des idées opposées à celui du régime. Hu Feng’s écrit plusieurs fois que la société et surtout la masse sont aveugles. Cet intellectuel montre clairement à travers ses lettres qu’il aimerait influencer les gens par ce qu’il rédige. De plus, son discours est une critique du journal Literary Gazette qui d’après lui favorise un petit nombre de personnes et qui ne permet pas une idéologie différente de la sienne. Cela contraint les écrivains, car ils sont obligés de n’avoir qu’une seule opinion.  Puis, l’article est une critique de lui-même.