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2016/02/23

Chen Ming, “On Confucianism as a Civil Religion and its Significance for Contemporary China”

Un billet de Nicolas Gagné

Chen Ming, “On Confucianism as a Civil Religion and its Significance for Contemporary China”, Chinese Contemporary Thought 44.2 (winter 2012-13):  76-83.  Texte original publié en 2009.

On retrouve très peu d'information biographique en ligne à propos de Chen Ming. L'article nous apprend qu'il est professeur  au département de philosophie à l'Université normale de la capitale, à Beijing.

Chen pose clairement sa question dès la première phrase de son texte: quel rôle devrait jouer le confucianisme dans la Chine contemporaine? Pour y répondre, il mène notamment une étude sémantique du concept de « religion civile » et une brève exploration du rôle du confucianisme dans l'histoire chinoise.

La conclusion de l'auteur est que le confucianisme devrait devenir la « religion civile » de la Chine. Il rejette donc les deux orientations principales des penseurs confucéens contemporains: soit ériger le confucianisme en religion d'État (Jiang Qing, Kang Xiaoguang), soit l'écarter du domaine public pour en faire une religion purement personnelle, confinée à la vie privée (He Guanghu, Tang Wenming).


Pour ce faire, Chen divise son texte en trois parties.

1) Étude du concept de « religion civile ». L'auteur en donne la définition suivante: « Theoretically, “civil religion” could be regarded as the generalization and labeling of the basic, formulistic, and objective played by some sacred concepts, values, and rituals in the public realm, especially those regarding the establishment and operation of the political system. » Le fait que cette religion est « civile » implique que l'État concerné doit être « moderne » ou « républicain ». Chen précise que l'aspect « religion » au sein de la « religion civile » n'implique pas nécessairement que cette région doive être institutionnelle. Alors qu'une religion conventionnelle implique une organisation religieuse ainsi qu'une ou plusieurs déités, la religion civile ne concerne qu'un système discursif sacré (c'est pourquoi certains penseurs la qualifient, par exemple, de « quasi-religion »). C'est donc l'aspect sacré qui importe davantage que la déité. La religion civile a donc un avantage: elle peut piger du contenu parmi un plus grand nombre de sources, et même parmi plusieurs sources simultanément (religions ou philosophies particulières, croyances populaires, etc.)

2) Tentative de prouver que le confucianisme a agi comme religion civile dans la Chine traditionnelle. Celui-ci a fourni un sens d'identité religieuse et de conceptions morales communes soutenant les institutions centrales de la société. Chen défend aussi la dimension « civile » du confucianisme, affirmant que la Chine est devenue de plus en plus « républicaine » tout au long de son histoire (passage d'une fédération tribale à une société féodale, par exemple), que le confucianisme présupposait une vision coopérative de l'État, et que la société chinoise offrait une certaine mobilité sociale (classification de la population en fonction du travail et non de relations de parenté prescrites). Cette partie de l'argumentaire me paraît la plus contestable.

3) Chen explique pourquoi il vaut la peine d'explorer le rôle du confucianisme comme religion civile dans la Chine contemporaine. D'abord, tout système politique a besoin d'une fondation sacrée, rôle que le libéralisme et le marxisme ne sont pas aptes à remplir, mais que le confucianisme, en revanche, a déjà rempli. Ensuite, le confucianisme comme religion civile permettrait à la société chinoise de s'adapter à la modernité sans perdre ses traditions. C'est ainsi qu'il empêcherait à la fois un retour au passé (confucianisme comme religion d'État) et une occidentalisation complète (confucianisme confiné à la sphère privée).

Nous avons donc ici à un texte d'opinions, un texte argumentatif. La contribution de l'auteur est donc un plaidoyer en faveur du confucianisme comme « religion civile », grâce notamment à de arguments montrant que le confucianisme avait déjà joué ce rôle avec succès dans l'histoire chinoise.

Selon moi, l'apport principal du texte est l'idée que le confucianisme, s'il s'inscrit clairement dans la tradition chinoise, demeure tout à fait pertinent dans le contexte du XXIe siècle. L'idée que la Chine était devenue de plus en plus « républicaine » dans les siècles avant la Révolution nationaliste me semble également très intéressante, mais ne m'a pas entièrement convaincu. Enfin, on peut reprocher au texte une dimension trop abstraite, globale. Par exemple, j'aurais aimé que Chen nous dise quelles idées confucéennes il juge particulièrement pertinentes dans le contexte actuel. Car nous savons que le confucianisme semble assez flexible, capable d'être défini différemment par plusieurs personnes en fonction de la situation.

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