Wei Jingsheng, La 5e modernisation

Texte de Kenta Mouphas

« La cinquième modernisation et autres écrits du « Printemps de Pékin » » de Wei Jingsheng

Wei Jingsheng fait partie des dissidents chinois les plus connus et est un symbole du mouvement de revendications démocratiques en Chine. Ancien garde rouge lors de la Révolution culturelle, Wei fut un candidat de choix plusieurs fois pour le prix Nobel de la Paix. En 1996, il fut le lauréat du prix Sakharov pour la Liberté de Pensée.

Son œuvre, « La cinquième modernisation et autres écrits du « Printemps de Pékin », est une critique du régime politique de Mao, du Grand Bond en avant et de la Révolution Culturelle. Il critique aussi une nouvelle formule politique appelée les « Quatre modernisations », qui consistent à matérialiser le rêve de démocratie et de prospérité des héros décédés sur la place Tian’anmen. À la suite de la publication de son ouvrage, Wei est accusé d’avoir livré des informations militaires à des soldats français et anglais. Il fut également accusé de promouvoir un mouvement-contre révolutionnaire par le biais de ses écrits.

Cependant, ces quatre modernisations ne sont que des illusions égales à celles du Grand Bond en avant et de la Triple Bannière rouge. Le règne de Mao et celui de Deng Xiaoping sont identiques, le peuple vénère un symbole politique et lui attribue tous les mérites. C’est grâce à leur charisme que les leaders réussirent à convaincre la population de les suivre. Advenant un refus de coopérer, les dissidents étaient emprisonnés.


La seule différence entre les deux régimes est que l’on n’obéit plus au Grandiose Timonier (Mao Zedong), mais au Sage Leader (Deng Xiaoping). C’est désormais sous les commandes du Sage Leader que la Chine devra dépasser les pays « plus avancés » tel que l’Allemagne, l’Amérique, le Japon et la Yougoslavie.

L’opinion de Wei Jingsheng est impartiale, le peuple chinois ne doit pas être passif et doit apprendre de la Révolution Culturelle. Il faut que le peuple soit indépendant et agisse par lui-même. La solution pour l’auteur est la modernisation de la Chine et du peuple par le biais de la démocratie. Pour ce dernier, la démocratie représente la cinquième modernisation.  La modernisation du peuple et du système social est la priorité puisqu’elle permettra d’amener la modernisation de l’économie, de la science, de la défense, etc…

La véritable démocratie selon Wei serait que l’on donne les pouvoirs à la collectivité des travailleurs. Ils pourraient ainsi choisir de remplacer les figures politiques abusives aux pouvoir à tout moment. Ce serait cette cinquième modernisation qui apportera le bonheur, la liberté et la démocratie du peuple. Sans cela, les quatre autres sont inutiles et ne sont qu’une nouvelle illusion.
L’auteur appelle le peuple à se battre contre le despotisme afin de mettre en place la démocratie. Cette lutte commence avec le Mur de la Démocratie à Xidan qui représente le point de départ de la lutte contre le despotisme.