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2016/03/14

Les courants anticapitalistes en Chine

Billet de Marie-Ève Berthêlet

Duménil, G. « Les courants anticapitalistes en Chine, le Point de vue d’une philosophe – Z. Shuangli », Actual Marx, vol. 2, n. 52, 2012, p.179-196

Shuangli Zhang est professeure associée de philosophie à l’université Fudan à Shanghai. Ses domaines de recherches sont principalement le marxisme, la théorie critique et l’histoire de la philosophie occidentale. Elle accorde une entrevue à Gérard Duménil pour la revue Actual Marx qui, comme son nom l’indique si bien, se consacre à la pensée marxiste actuelle. Pour sa part, Gérard Duménil est chercheur en économie politique d’inspiration marxiste.

En interviewant Zhang, Duménil souhaite dresser « une vaste fresque des principaux courants actuels qui sous-tendent les débats actuels en Chine », courants tous regroupés sous le principe de l’anticapitalisme. Il dirige donc l’entretien avec pour but de dresser un portrait le plus global possible des modes de pensées anticapitalistes chinois, afin qu’ils soient démystifiés et vulgarisés à son lectorat occidental, pour qui « les débats et événements politiques en Chine ne sont pas toujours faciles à déchiffrer ». Ils s’attarderont donc à cinq groupes, cinq modes de pensée différents, soit les Libéraux, la Vieille Gauche, la Nouvelle Gauche, les Néomaoïstes et les Conservateurs Culturels. Shuangli Zhang en explique respectivement les racines, idées principales et controverses qui les secouent. Même si les Libéraux se distinguent nettement du courant néolibéral, il s’agit du seul groupe – parmi ceux nommés –  en faveur du développement du capitalisme en Chine. Pour le reste, tous les courants sont anticapitalistes, pour la plupart y cherchant des réponses dans les idéologies chinoises passées, à l’exception de la Nouvelle Gauche, qui espère un tout nouveau mode de fonctionnement pour la Chine.

Ce qui ressort le plus de l’entretien est qu’il est central dans les débats intellectuels chinois de trouver une voie alternative au capitalisme sauvage qui ne fait qu’accroitre les inégalités entre riches et pauvres. Il ressort aussi que les racines traditionnelles et socialistes sont encore bien ancrées en Chine et que le capitalisme ne prend pas toute la place dans la société.
Bien sûr, ce genre d’entretien a un certain agenda. Ce sont deux penseurs marxistes – ou du moins très intéressés par le marxisme, ce que leurs recherches démontrent – qui s’entretiennent dans une revue marxiste. Cela ne veut pas dire pour autant que toute l’entrevue est biaisée. Certainement, d’autres courants de pensée auraient pu être abordés, mais il ne s’agit pas de la mission de l’article, clairement énoncée. On cherche à faire comprendre aux lecteurs occidentaux, pour qui la vie et la pensée chinoise peuvent parfois sembler provenir d’une autre planète, ce qui se cachent derrière divers pensées chinoises et comment elles peuvent aider à forger le présent et le futur du pays. En ce sens, la mission est accomplie. Shuangli est claire, concise et pertinente. Elle se révèle être une vulgarisatrice impeccable. Duménil sait, pour sa part, bien la diriger afin de renseigner son lectorat le mieux possible.

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