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2015/03/07

The Rumour Machine: On the Dismissal of Bo Xilai

Texte de Mégane Visette

Wang, Hui. "The Rumour Machine: On the Dismissal of Bo Xilai." London Review of Books 34.9 (2012)

Wang Hui est professeur de littérature et langue chinoise à l’Université de Tsinghua à Beijing, et spécialiste de l’histoire intellectuelle chinoise. Né en 1959, Wang Hui a participé aux manifestations étudiantes en 1989 et a été envoyé en ré-éducation à la campagne de Shaanxi pour ce fait. Cette expérience lui a ouvert les yeux sur les disparités entre les villes et les campagnes, et en a fait un intellectuel critique des coûts sociaux et écologiques qu’on peut apporter le développement économique néolibéral Chinois. Ses écrits tentent de déconstruire cette « amnésie culturelle » commune des principes de révolution sociale qui ont laissé place à la privatisation des entreprises d’État, et l’enrichissement de la bureaucratie par la corruption. En tant qu’intellectuel de la Nouvelle Gauche (New Left), Wang Hui s’intéresse donc au phénomène de néolibéralisme dans un contexte de globalisation et aux réformes du gouvernement comme la déresponsabilisation de celui-ci envers sa classe de travailleurs (ouvriers et paysans). Il s’interroge surtout sur les impacts de ces réformes sur la justice sociale par la lutte collective, et sur les impacts de la répression de 1989 sur les possibilités de luttes sociales. Il considère la Révolution Culturelle comme un apport à sa génération sur la proximité sociale des étudiants et des travailleurs, ce que les générations actuelles ont perdu. 


Dans ce texte, il tente d’analyser l’arrêt de Bo Xilai comme un procédé politique par lequel le gouvernement tente de continuer la néolibéralisation de l’économie chinoise sans possibilité de protestation publique. Il se demande ce que peut nous apprendre cet incident parmi tant d’autres sur la manière dont la participation politique va évoluer; si la participation démocratique prendra le dessus ou si la « backrooms politics » maintiendra sa toute puissance. Autrement dit, Wang Hui veut nous faire réfléchir sur « l’incident de Chongqing » en voulant replacer cet incident dans un contexte de bourgeonnement de contestation sociale, dans une région où se diffusaient de plus en plus de politiques pour l’égalisation. Le contexte de crise financière et ses conséquences directes sur la jeune génération (corruption systémique, disparité grandissante entre riche et pauvres, entre villes et campagnes, et crise agraire) a affaibli l’idéologie du libre-marché. Mais la nouvelle génération de leaders n’a pas encouragé de réformes pro-égalisation, au contraire, elle a pourvu à la bureaucratisation de la structure d’État. L’auteur tentera donc d’émettre sa thèse en situant les tactiques concernant Chongqing dans un contexte de remise en question populaire sur le web.

L’auteur en conclut que le scandale de Bo Xilai, en ayant été représenté par les autorités du parti comme un échec comparable à la révolution culturelle, a été condamné au statut de « tabou politique» dont quiconque voulant en parler serait traitre de l’Histoire chinoise elle-même. Les rumeurs sur les activités de Bo Xilai et Wang Lijun furent utilisées par la branche pro-« marketisation » du PCC au pouvoir, pour clore le sujet sans possibilité de débats publiques et de continuer des réformes néolibérales sans le consentement de sa population (qui encense encore les entreprises d’État et critiquent la privatisation sur le web).  Même si certaines de ces rumeurs de corruption et de bataille de pouvoir ont pu être véridiques, il n’empêche que celles-ci sont à analyser comme des outils mais aussi des produits de politiques de « coulisses » du PCC (c’est-à-dire qui n’est pas accessible à la population). Chongqing et son expérience d’ouverture au marché promettait de mettre de l’avant des mesures pour l’égalisation de revenus et une prospérité commune, ce qui n’encourageait pas les politiques de néo libéralisation du gouvernement.  Selon l’auteur, le but de la manœuvre était donc de réprimer les libertés politiques pour faire en sorte de faire passer les mesures neolibéralistes impopulaires, comme la répression de 1989 devait avoir lieu pour faire passer l’ouverture au marché accéléré en 1992 (le tour du sud de Deng Xiaoping). 

Ce texte s’insère dans notre cours par la manière dont un intellectuel qui remet en question la politique de façade du gouvernement socialiste certes, mais dans les faits, de plus en plus capitaliste. Il nous fait remettre  en question le rôle actuel des intellectuels souvent remis au rang de professionnels d’une politique guidée ou libéralisée par les intérêts que procurent le marché. Ici, nous pouvons considérer l’héritage de l’expérience révolutionnaire comme formatrice d’une vie intellectuelle engagée dans les débats politiques et dans la recherche de justice sociale pour les classes travailleuses.

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