Cliquez ici pour retourner au site web du cours

2015/03/07

Le renouveau religieux du confucianisme en Chine

Texte de Kevin Pelletier Deslauriers

Payette, Alex, « Le renouveau religieux du confucianisme en Chine : une revue des débats académiques récents », Monde chinois, 2012/1 N° 29, p.118-126.

Alex Payette est un candidat au doctorat de l’université d’Ottawa. Il se spécialise sur les mouvements politiques en Chine et est auteur de plusieurs articles dans «Monde chinois». Son champ de recherche se concentre présentement sur l’analyse théorique du système politique chinois, notamment sur ce qui touche au confucianisme et les débats intellectuels entourant la question. Il fût récipiendaire du «Fond de Recherche Société et Culture au Québec» et a fait plusieurs voyages en Chine afin de mené des études de terrain. Au cours de ses voyages, il a été engagé comme par des écoles privées, notamment dans la ville de Qingdao.

L’article qui nous intéresse ici, « Le renouveau religieux du confucianisme en Chine : une revue des débats académiques récents », est en fait une analyse du débat intellectuel entourant la question du confucianisme. Payette va centrer son argumentaire sur les personnes de Jiang Qing, Kang Xiaoguang et Chen Ming.

Selon Payette, l’argumentaire entourant le débat tourne autour de la question du statut du confucianisme. La question est de savoir si l’idéologie présentée devrait avoir le rang de religion d’état ou simplement de philosophie. Payette va donc présenté le point de vue des trois auteurs mentionner plus haut et la critique qui leur est parvenue, mais commence par un historique de l’idée du confucianisme comme religion.


Payette va commencer sa démonstration en démontrant que KangYouwei est le premier à avoir tenté de montrer le confucianisme comme religion d’État. Il va ensuite faire un bond en 1980 et mettre l’origine du débat dans un article de Ren Jiyu «Sur la fondation de la religion confucéenne». Ren, dans une optique marxiste, va attribuer au confucianisme le même rôle que le christianisme en Occident, soit celui d’outil idéologique de répression. Ren va rapidement se buter à des critiques de philosophes chinois qui vont s’opposer à une lecture religieuse du confucianisme. Les textes qui seront écrits dans la décennie suivante, surtout à partir de 1999, seront des réponses et des critiques venant s’ajouter au débat original.

Payette continue avec les vues des trois auteurs dont nous avons parlé au début de notre compte rendu. Il commence avec Qing, dont les théories visent une forme de confucianisme qui se voudrait être une religion d’état fixant les normes de la séparation du pouvoir. Il va ensuite parler de Xiaoguang et décrire sa théorie comme étant une forme de légitimation du système de politique chinois en utilisant le principe de «bienveillance» confucéenne pour légitimer l’autoritarisme. Les deux vont, en quelque sorte, s’adresser directement au parti communiste dans le but de les amener à institutionnaliser et enseigner le confucianisme dans la population.

La position de Chen Ming est plus souple. Celui-ci présente le confucianisme comme étant une religion civile. Il se base sur l’exemple de l’«american way of life» pour tenter de fonder le mode de vie chinois, mais autour du confucianisme. Payette va donc décrie l’idée de religion sociale en passant par les textes de Robert N. Bellah. Pour résumer celle-ci, il serait pertinent de dire que la religion civile est tout simplement un mode de vie qui englobe tous les aspects de la vie par un ensemble de croyances, de symboles et de rituels. C’est sûr cette version de la religion civile que Ming base son argumentaire. Il va chercher à démontrer que le confucianisme permettrait de redonner un sens à l’espace traditionnel chinois (temples, figures sacrées, cérémonies). Pour ce faire, Ming voudrait que le confucianisme soit basé sur la tradition de la dynastie Han. C’est l’un des points qui causera le plus de litiges

La critique suivant la première publication des idées de Chen le pousseront à écrire une deuxième version de sa théorie dans laquelle il modère ses propos et cherche plutôt à présenter le confucianisme comme une façon d’éveiller la conscience nationale depuis le vide idéologique qui perdure depuis la fin des années 1980. Il tente donc de faire du confucianisme un outil pour soulever le nationalisme chinois et faire en sorte que les gens, qui suivent apathiquement l’évolution de leur pays, pensons au texte de Li Shenzhi, retrouvent une volonté et un but dans l’histoire de leur pays. Ming en profitera pour critiquer les théories de Qing et Xiaoguang qu’il juge trop essentialistes et radicales alors que lui préconise une approche plus modérée qui n’éveillerait pas les soupçons du PCC. Il finira en explicitant le fait qu’il ne veut pas une reconstruction du confucianisme Han, mais bien une version pragmatique du confucianisme qui servira à éveiller les consciences.

Payette termine son article en démontrant que malgré l’apparente fermeture du PCC sur les questions de religion, celui-ci accepte le confucianisme, soit parce qu’il ne le juge pas dangereux pour son hégémonie, soit parce qu’il tente de s’en emparer pour lui-même. Payette démontre d’ailleurs que le PCC va diriger la majorité des cérémonies confucéennes.

Ce texte nous permet donc de comprendre une partie du débat autour du confucianisme et de comprendre la vision d’au moins trois intellectuels sur le sujet. Ce qui semble ressortir de la conclusion de Payette est que si le PCC tente de s’approprier le confucianisme, certains auteurs comme Chen Ming tentent de préserver celui-ci en le présentant comme religion et le mettant ainsi hors de portée de l’idéologie du parti communiste. La question reste toutefois ouverte et semble d’ailleurs primordiale pour le futur de la Chine qui est présentement à une croisée des chemins en termes d’idéologie.

Ce texte se positionne donc dans le contexte du vide idéologique que nous avons mentionné plus haut et cherche à trouver une voie possible au développement de la Chine. En s’opposant au libéralisme théorisé par des personnes comme Shenzhi et à la nouvelle gauche, le confucianisme cherche à remonter le nationalisme chinois pour faire en sorte  que le peuple chinois s’intéresse à son sort et à son futur.



No comments:

Post a Comment

Note: Only a member of this blog may post a comment.