Payette, Alex, « Le renouveau religieux du confucianisme en
Chine : une revue des débats académiques récents », Monde chinois, 2012/1 N°
29, p.118-126.
Alex Payette est un candidat au
doctorat de l’université d’Ottawa. Il se spécialise sur les mouvements
politiques en Chine et est auteur de plusieurs articles dans «Monde chinois».
Son champ de recherche se concentre présentement sur l’analyse théorique du
système politique chinois, notamment sur ce qui touche au confucianisme et les
débats intellectuels entourant la question. Il fût récipiendaire du «Fond de
Recherche Société et Culture au Québec» et a fait plusieurs voyages en Chine
afin de mené des études de terrain. Au cours de ses voyages, il a été engagé
comme par des écoles privées, notamment dans la ville de Qingdao.
L’article qui nous intéresse ici,
« Le renouveau religieux du confucianisme en Chine : une revue des débats
académiques récents », est en fait une analyse du débat intellectuel entourant
la question du confucianisme. Payette va centrer son argumentaire sur les
personnes de Jiang Qing, Kang Xiaoguang et Chen Ming.
Selon Payette, l’argumentaire
entourant le débat tourne autour de la question du statut du confucianisme. La
question est de savoir si l’idéologie présentée devrait avoir le rang de
religion d’état ou simplement de philosophie. Payette va donc présenté le point
de vue des trois auteurs mentionner plus haut et la critique qui leur est
parvenue, mais commence par un historique de l’idée du confucianisme comme
religion.
Payette va commencer sa
démonstration en démontrant que KangYouwei est le premier à avoir tenté de
montrer le confucianisme comme religion d’État. Il va ensuite faire un bond en
1980 et mettre l’origine du débat dans un article de Ren Jiyu «Sur la fondation
de la religion confucéenne». Ren, dans une optique marxiste, va attribuer au
confucianisme le même rôle que le christianisme en Occident, soit celui d’outil
idéologique de répression. Ren va rapidement se buter à des critiques de
philosophes chinois qui vont s’opposer à une lecture religieuse du
confucianisme. Les textes qui seront écrits dans la décennie suivante, surtout
à partir de 1999, seront des réponses et des critiques venant s’ajouter au
débat original.
Payette continue avec les vues
des trois auteurs dont nous avons parlé au début de notre compte rendu. Il
commence avec Qing, dont les théories visent une forme de confucianisme qui se
voudrait être une religion d’état fixant les normes de la séparation du
pouvoir. Il va ensuite parler de Xiaoguang et décrire sa théorie comme étant
une forme de légitimation du système de politique chinois en utilisant le
principe de «bienveillance» confucéenne pour légitimer l’autoritarisme. Les
deux vont, en quelque sorte, s’adresser directement au parti communiste dans le
but de les amener à institutionnaliser et enseigner le confucianisme dans la
population.
La position de Chen Ming est plus
souple. Celui-ci présente le confucianisme comme étant une religion civile. Il
se base sur l’exemple de l’«american way of life» pour tenter de fonder le mode
de vie chinois, mais autour du confucianisme. Payette va donc décrie l’idée de
religion sociale en passant par les textes de Robert N. Bellah. Pour résumer
celle-ci, il serait pertinent de dire que la religion civile est tout
simplement un mode de vie qui englobe tous les aspects de la vie par un
ensemble de croyances, de symboles et de rituels. C’est sûr cette version de la
religion civile que Ming base son argumentaire. Il va chercher à démontrer que
le confucianisme permettrait de redonner un sens à l’espace traditionnel
chinois (temples, figures sacrées, cérémonies). Pour ce faire, Ming voudrait
que le confucianisme soit basé sur la tradition de la dynastie Han. C’est l’un
des points qui causera le plus de litiges
La critique suivant la première
publication des idées de Chen le pousseront à écrire une deuxième version de sa
théorie dans laquelle il modère ses propos et cherche plutôt à présenter le
confucianisme comme une façon d’éveiller la conscience nationale depuis le vide
idéologique qui perdure depuis la fin des années 1980. Il tente donc de faire
du confucianisme un outil pour soulever le nationalisme chinois et faire en sorte
que les gens, qui suivent apathiquement l’évolution de leur pays, pensons au
texte de Li Shenzhi, retrouvent une volonté et un but dans l’histoire de leur
pays. Ming en profitera pour critiquer les théories de Qing et Xiaoguang qu’il
juge trop essentialistes et radicales alors que lui préconise une approche plus
modérée qui n’éveillerait pas les soupçons du PCC. Il finira en explicitant le
fait qu’il ne veut pas une reconstruction du confucianisme Han, mais bien une
version pragmatique du confucianisme qui servira à éveiller les consciences.
Payette termine son article en
démontrant que malgré l’apparente fermeture du PCC sur les questions de
religion, celui-ci accepte le confucianisme, soit parce qu’il ne le juge pas
dangereux pour son hégémonie, soit parce qu’il tente de s’en emparer pour
lui-même. Payette démontre d’ailleurs que le PCC va diriger la majorité des
cérémonies confucéennes.
Ce texte nous permet donc de
comprendre une partie du débat autour du confucianisme et de comprendre la
vision d’au moins trois intellectuels sur le sujet. Ce qui semble ressortir de
la conclusion de Payette est que si le PCC tente de s’approprier le
confucianisme, certains auteurs comme Chen Ming tentent de préserver celui-ci
en le présentant comme religion et le mettant ainsi hors de portée de
l’idéologie du parti communiste. La question reste toutefois ouverte et semble
d’ailleurs primordiale pour le futur de la Chine qui est présentement à une
croisée des chemins en termes d’idéologie.
Ce texte se positionne donc dans
le contexte du vide idéologique que nous avons mentionné plus haut et cherche à
trouver une voie possible au développement de la Chine. En s’opposant au
libéralisme théorisé par des personnes comme Shenzhi et à la nouvelle gauche,
le confucianisme cherche à remonter le nationalisme chinois pour faire en
sorte que le peuple chinois s’intéresse
à son sort et à son futur.
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