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2015/03/07

Le renouveau religieux du Confucianisme en Chine

Texte de Guillaume Pocard 

Alex Payette, "Le renouveau religieux du Confucianisme en Chine: une revue des débats académiques récents," Monde chinois 2012/1 #29: 118-126.

Candidat au doctorat de science politique à l’université d’Ottawa, Alex Payette est titulaire d’une maitrise en politique comparé, où il étudie de l’autoritarisme chinois. Dans le cadre de son doctorat, il s’oriente vers une étude du système institutionnel chinois, ses dynamiques et les débats intellectuels concernant le confucianisme. Au cours de plusieurs voyages d’études en Chine (Qufu, Jinan, Beijing, Shenzhen), il  devient enseignant au sein d’écoles privées à Qingdao. Il écrira de nombreux articles scientifiques dans périodiques académique le Monde Chinois (2010), Issues and Studies (2011). La question religieuse en Chine, en particulier, celle du renouveau du confucianisme est d’ailleurs le sujet de sa thèse. 

Alex Payette dans le cadre de son texte cherche à saisir les différents conceptions et mouvements qui émergent, dans les années 1980, concernant le renouveau du confucianisme en Chine mais aussi  sur la question de la place de la religion en Chine qui en découle.

En effet, dès les années 1978, durant la période réformiste qui suit la mort de Mao Zedong, il existe un mouvement de doute et de remise en question au sein de la sphère intellectuelle chinoise. On peut observer en particulier une question profonde des thèses maoïstes et de l’idéologie léniniste-marxistes. Ainsi  dans cette environnement intellectuel en en plein changement, l’auteur s’intéresse en particulier à l’avènement de confucianisme au sein de débats intellectuelles.


Si le débat remonte en partie au mouvement du 4 Mai 1919, la remontée de la question du confucianisme va diviser les intellectuels et lancer le débat sur le contenu de la pensée confucéenne mais aussi sa nature en tant qu’enseignements (jiao 教),  ensemble de superstitions (mixin 迷信) et rites ou de religion  doctrinale (zongjiao 宗教).

L’auteur va ainsi  faire un  survol rapide des différents précurseurs du débat, tel Kang Youwei, afin de suivre le cheminement conceptuel de trois penseurs chinois pour démontrer en quoi, le confucianisme après des années de répressions fut de nouveau au cœur des débats intellectuels pour débattre de sa place et ses liens avec le parti communisme mais aussi le peuple chinois. 

Nous avons ainsi affaire dans le cadre du texte d’Alex Payette à une analyse comparative conceptuelle de trois intellectuels qui sont Jiang Qing, Kang Xiaoguang et en particulier Chen Ming. En effet, l’auteur va ainsi se concentrer sur la conception de religion civile chinoise de celui-ci.

En effet, Alex Payette va chercher à analyser la pensée des trois auteurs pour démontrer la diversité conceptuelle concernant le renouveau du confucianisme et la place de la religion dans la société chinoise. 

Ainsi d’une part avec Jiang Qing, on observe un mouvement constitutionnaliste qui soutient que le confucianisme peut être ainsi institutionnalisé et soutenu  par l’État. Cela permettrait de réhabiliter la transcendance dans la vie politique et sociale et de rétablir la légitimité du parti communisme chinois. Le confucianisme deviendrait ainsi l’essence constitutionnelle de la nation.

Dans un second temps, Alex Payette présente une autre facette du débat avec Kang Xiaoguang qui soutient le confucianisme comme religion étatique en Chine. Ainsi par une politique bienveillante et une promotion étatique du confucianisme, le parti communisme chinois peut s’appuyer sur un nationalisme culturel pour réhabiliter la nation. Le confucianisme et gouvernement chinois serait ensemble, les principales acteurs d’un autoritarisme éclairé. 

Enfin avec Chen Ming, l’auteur veut présenter une dernière dimension du débat en apportant le concept de religion civile. En effet, selon Chen Ming, l’implication du confucianisme en tant que religion civile permet de résoudre le problème de construction de la société civile et d’unifier la nation chinoise par des croyances et rites. Le confucianisme devient ainsi la vie de l’État. Celui-ci veut créer une continuité temporelle au sein de l’histoire chinoise (en particulier Han) par le confucianisme. L’intégration politique du nationalisme culturelle découlant du confucianisme serait ainsi le ciment fondateur d’une conscience nationale des peuples chinois (dans un espace multiethnique selon les derniers ouvrages de Chen Ming)

Ainsi  Alex Payette dans son texte, remet en contexte les différentes écoles d’opinions qui ont existé concernant le retour du confucianisme sur la scène chinoise. Toutefois l’auteur conclut que si débat, il y a eu, il n’y a toujours pas eu de reconnaissance officielle de la Chine concernant le confucianisme. L´ambiguïté existante sur la question permet ainsi au parti communiste chinois d’user du confucianisme en tant que force unificatrice dans certains cas tout en évitant les désavantages d’une reconnaissance officielle de la part de l’état. 

Le texte d’Alexis Payette nous apporte ainsi une vision d’ensemble des débats intellectuels qui ont lieu au sein de la communauté intellectuelle et politique chinoise. En effet, la place de la religion en Chine reste ambiguë et en partie opaque. Le texte de l’auteur nous permet ainsi de nous référer à une évolution progressive des débats et les liens de ceux-ci avec le parti communiste chinois et une possible politisation du confucianisme à des fins diverses.


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