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2016/03/21

Yu Jianrong, "China's Underclass: My Research and Standpoint"

Billet de Sophie Gauthier

Yu Jianrong, "China's Underclass: My Research and Standpoint," Contemporary Chinese Thought 45.4 (Été 2014): 18-41. Texte original publié en 2008.

Yu Jianrong (1962-) est directeur de l'Institut de développement rural à l'Académie chinoise des sciences sociales. Ses recherches portent sur les classes désavantagées dans la société moderne chinoise, et ce dans un contexte de transformations sociale, économique et politique. Ayant lui-même vécu une enfance difficile causée par le retrait du hukou de sa famille, il vise à dénoncer l'injustice pour aider les classes inférieures à faire reconnaître leurs droits. Il est connu pour être proche des paysans et des ouvriers tout en maintenant des relations avec les officiels de l'État. Il a également travaillé comme avocat dans le passé.

Dans cet article, Yu discute d'un sujet d'étude sur lequel il s'est consacré pendant les dix dernières années: la classe inférieure qu'il appelle « underclass » (diceng). En relatant le processus de ses recherches et les conclusions qui s'en suivent, il désire signaler à la société que l'underclass a sa propre conscience politique, et qu'il est important que l'État se soucie de protéger les droits et les intérêts de cette classe. Ses recherches sont rassemblées dans trois livres qu'il présente tour à tour: The Politics of Yue Village: The Transformation of Rural China Changes in political structure, The Rights Defense Struggle of Modern China's Peasants: A Study of Hengyang, Hunan Province, et The Situation of China's Working Class: A Record of Anyuan. Par la suite, Yu donne son propre avis sur la situation actuelle de la classe inférieure.

Dans son premier livre, Yu aborde la question de l'auto-gouvernance des villages en Chine. Pour lui, l'auto-gouvernance est une très bonne chose, car les droits démocratiques et la participation des gens à la vie politique y sont encouragés. En ayant des droits démocratiques, il est davantage possible pour les paysans de faire valoir leurs droits. Afin de développer les milieux ruraux, Yu affirme qu'assurer les droits des paysans est primordial. Dans son deuxième livre, il se penche sur les mouvements pour les droits des paysans à Hengyang. Il présente l'histoire de Peng Rongjun, un « paysan leader » ayant fondé une organisation de paysans visant à défendre leurs intérêts. Ils négocièrent notamment avec les cadres du village concernant les taxes imposées sur les paysans. La conclusion que Yu tire de son échange avec Peng est que les « paysans modernes » ont une conscience; ils connaissent leurs intérêts et leurs droits. Par conséquent, la société doit les reconnaître comme une classe ayant un rôle majeur à jouer dans les décisions politiques. Dans son troisième livre, Yu étudie les ouvriers de la mine d'Anyuan et en tire une synthèse qu'il applique à tous les ouvriers en Chine. Il note que la classe ouvrière a perdu son identité, que ses intérêts ne sont pas vraiment respectés, et qu'afin de remédier à ces deux problèmes, les ouvriers ne doivent plus se percevoir comme une 'classe dirigeante'. Ils doivent plutôt se voir comme la réalité les dépeint, c'est-à-dire une classe ouvrière qui agit et lutte pour ses intérêts en tant que simple classe ouvrière, et non comme leader de la société (idée implantée par le parti communiste). Finalement, Yu nous présente son point de vue final sur la classe inférieure, ce qui constitue en fait en un résumé des points les plus importants évoqués dans ses trois livres.
À la lecture de cet article, nous pouvons clairement identifier qui sont les individus qui composent la classe inférieure, soit des gens relativement pauvres sur le plan économique, détenant un pouvoir politique inexistant, et ayant peu d'opportunités d'améliorer leur position. Malgré leur statut social bas, ils méritent cependant d'être reconnus par la société et comme sujet d'étude pertinent pour les spécialistes; d'un côté, car leur manière de penser éclairée et différente de celle des élites doit être sollicitée si les autorités désirent prendre des décisions efficaces; d'un autre, car leurs agissements en vue de protéger leurs droits permettent d'expliquer divers incidents affectant la stabilité du pays et ses mutations. À plusieurs reprises, Yu Jianrong insiste sur le fait qu'il est essentiel pour la société non seulement de protéger les droits des ouvriers et des paysans pour le développement et la stabilité de la nation, mais également de les comprendre à partir d'un point de vue « de l'intérieur » (à partir de leur propre vision des choses).

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