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2015/03/31

Whither China? The Discourse on Property Rights in the Chinese Reform Context

Texte d'Antoine Congost

Cui Zhiyuan. Whither China? The Discourse on Property Rights in the Chinese Reform Context. Social Text, No. 55, Intellectual Politics in Post-Tiananmen China (Summer, 1998), pp.67-81. Published by  Duke University Press.

Cui Zhiyuan est professeur à l'Université Tsinghua à Beijing. Il s'intéresse particulièrement aux questions de gouvernance, de développement, ainsi qu'à la politique publique comparée. Il est aussi intéressant de souligner qu'il est doctorant de l'Université de Chicago : en effet, dans ce texte, il se montre particulièrement sensible aux théories occidentales importées en Chine. Il fait partie du mouvement de la Nouvelle Gauche et se réclame du socialisme libéral. Dans ses travaux, il met l'accent sur la simulation centralisée de l'entreprise privée et sur les alternatives au néo-libéralisme.

On retrouve quelque peu ces thèmes dans ce texte. Il se demande alors (le texte date de 1998) vers quel modèle se dirige la Chine en ce qui concerne les droits de propriété dans les entreprises détenues par l’État (les SOE). Dans le contexte des réformes économiques initiées par Deng Xiaoping dans les années 1980, l'auteur tente d'analyser les trois grandes écoles de pensée sur la question, comment elles peuvent améliorer l'efficacité de ces entreprises, et comment elles influencent les décisions du gouvernement chinois. 


Nous l'avons dit, Cui base son argumentation sur trois grands courants de pensée qui s'opposent sur la question des droits de propriété. Il invoque abondamment les travaux des défenseurs respectifs de chaque école, qu'ils soient chinois ou occidentaux, tels que Ma Bin, William H. Simon, Lin Yifu, Chen Chuanming, James Meade ou Margaret Blair. L'auteur fait également constamment écho aux réalités des entreprises d’État, les aspects légaux qui les définissent, et leurs faiblesses.

Cui commence par analyser ces trois écoles de pensée. La première prône une clarification des droits de propriété : selon ses défenseurs, les entreprises d'Etat « souffrent d'un manque de clarté dans l'attribution des droits et des responsabilités » des dirigeants d'entreprise et des travailleurs. Les intérêts de l’État ne seraient pas assez clairement assurés par le système existant : une corporatisation plus poussée permettrait de renforcer la capacité de l’État de gérer le capital pour le redistribuer de façon plus efficace. La deuxième école prône une amélioration des méthodes de gestion et des ajustements structurels : pas besoin de redéfinir les droits de propriété, l’État représente le peuple et détient les capitaux de ses entreprises. Pour gagner en efficacité et en compétitivité, il faut en priorité régler les problèmes de SOE trop gourmandes en capital, de la corruption, de la gestion du prix des matières premières, et des lourdes responsabilités sociales des SOE. Enfin, la troisième école défend une forme de démocratie économique : les travailleurs devraient avoir davantage de droits dans la propriété du capital des entreprises, sur la base de leurs compétences et de leur travail, et via un comité des travailleurs en parallèle à un comité des propriétaires de l'entreprise. La première conclusion que Cui tire de tout cela, c'est que ces idées sont largement inspirées d'idées et de théories occidentales : les théoriciens économiques chinois s'inspirent beaucoup des courants occidentaux, et elle a tout à gagner à continuer à élargir l'inspiration « globale » des politiques de l'entreprise. Sa seconde conclusion est que la Chine tend à repenser ses SOE autour des meilleurs éléments de ces trois écoles de pensée, comme par exemple un système de fonds de retraite au sein des entreprises, ou l'élargissement du système d'actionnariat. Pour l'auteur, la Chine n'évolue pas plus vers un modèle davantage socialiste que davantage capitaliste, elle construit un modèle de droits de propriété unique. Plus d'actionnaires signifie une forme de démocratisation de l'entreprise, mais signifie aussi « corruption et détournements de biens publics ». Cui met d'ailleurs clairement en garde sur ce point.

En prenant le cas des entreprises d’État, le texte donne un bon aperçu du processus d'ouverture non seulement économique, mais aussi politique actuellement à l’œuvre en Chine. Beaucoup d'opportunités s'offre aux dirigeants, qui choisissent souvent le meilleur de toutes les options offertes. Cui termine son texte par un avertissement : toute la réussite du système chinois tiendra dans sa capacité à relever le défi de la corruption. Depuis la publication de cet essai en 1998, ses craintes doivent en partie avoir été dissipées si l'on regarde la lutte accentuée contre la corruption menée par le gouvernement central ces dernières années.
Comme déjà dit, il montre aussi que l'analyse de l'économie chinoise actuelle doit être nuancée : elle n'est pas ultra-capitaliste, pas plus qu'elle n'est complètement socialiste.

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