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2015/03/30

Protester sur le Web chinois (1994-2011)

Blog écrit par Guillaume Pocard

Séverine Arsène, "Protester sur le web chinois (1994-2011)," Le temps des médias 2012/1 #18:  99-110

Séverine Arsène est rédactrice en chef de la revue interdisciplinaire Perspectives chinoises.  Possédant un doctorat en science politique, Séverine Arsène concentre son champ d’étude sur la question des médias sociaux en Chine ainsi que la liberté d’expression, les liens entre le monde politique et Internet et le cyber nationalisme. Ainsi, son texte « Protester sur le Web Chinois » publié en 2011, reprend ces thématiques en étudiant l’évolution de l’Internet chinois et comment celui-ci a eu différents rôles et utilisations au fil de son histoire avec une participation de plus en plus croissante de la population chinoise.

En effet, dans son article, Séverine Arsène va aborder différentes thématiques concernant les liens existants entre Internet et la population chinoise. Ainsi la thématique du cyber nationalisme, participation civile, la censure gouvernementale et la démocratisation des réseaux en lignes vont être au cœur de son article. 

Pour aborder ces différents sujets, l’auteur va poursuivre une analyse chronologique en étudiant l’évolution croissante d’Internet en Chine depuis son origine en 1987 jusqu’à nos jours. L’auteur va ainsi baser ses arguments sur l’étude des différentes archives de presses chinoises concernant les différents scandales qui sont apparus en Chine. Elle va ainsi fonder son analyse sur des journaux tels China Digital Times, East South West North pour permettre d’avoir une vision globale de la perception d’internautes chinois. D’une autre part, Arsène va confronter ces différents points de vue à la ligne officielle du gouvernement véhiculée par certains journaux officiels comme Le quotidien du peuple.

Ainsi dans un second temps via cette étude de textes et opinions, Arsène va aboutir à une analyse sociologique en étudiant la démocratisation d’internet à travers toute la Chine et son évolution historique. Ainsi d’un groupe minoritaire d’étudiants hommes citadins, on passe à un champ d’étude beaucoup plus large intégrant aussi bien les grands centres urbains que des régions plus rurales.
Cette démocratisation d’Internet va être un argument central d’Arsène dans son texte. En effet, celle-ci constate que face à un nombre  de plus en plus croissant d’individus interconnectés et l’émergence de débats en ligne, le gouvernement chinois va tout d’abord chercher de manière frontale à censurer une grande partie des propos considérés comme menaçant pour le Parti. Ainsi l’auteur remarque une dynamique entre un Parti communiste dont la censure est directe et à plusieurs niveaux et une communauté cherchant par diverses moyens de détourner cette censure par la caricature, ou encore certains systèmes comme TOR. Le détournement de la censure va être utilisé par une communauté engagée à des fins démocratiques comme ce fut le cas avec la Chate 08. La création de répertoires de personnalités engagées va être un facteur important de la propagation d’idées démocratiques au sein des réseaux sociaux chinois.

Toutefois cette dynamique entre le PCC et des personnalités engagées va laisser place au fil du temps à une nouvelle dynamique. En effet, avec la popularisation d’Internet, les réseaux sociaux vont être de plus en plus intégrés dans la vie publique avec des revendications et réclamations qui vont être conduite sur Internet et vont avoir un impact réel sur la société (telles des mobilisations contre des problèmes écologiques par exemple). De plus l’auteur observe l’émergence d’un cyber nationalisme chinois avec un engagement très poussée concernant certaines thématiques internationales tels le conflit concernant les îles Senkakus/Daoyu. Le cas du cyber nationalisme va permettre à l’auteur de montrer un autre aspect de la réaction du Parti communiste. 

En effet celui-ci a changé de comportements sur les réseaux. Celui-ci ne pratique plus une politique de censure mais au contraire cherche à prendre avantages sur Internet. Ainsi celui-ci ne répriment que peu très peu, le cyber nationalisme. Le cyber nationalisme lui permet en effet  de soutenir la légitimité de ces actions et d’améliorer son image sur internet. Le gouvernement chinois va incorporer de plus en plus les médias sociaux et internet dans ses politiques et d’exprimer sa présence de manière conséquente sur Internet. Ce renforcement plus soft  du gouvernement passe aussi par un détournement de l’attention du public sur des sites de divertissements et de la vie quotidienne. 
Toutefois Séverine Arsène,  observe le maintien voir le développement d’un esprit critique parmi les jeunes générations avec une censure de moins en moins acceptée par la population. La multiplication de blogs, dessins caricaturaux s’ancre ainsi selon l’auteur dans « un carnaval critique ». 
Ainsi d’une communauté académique en passant à un média de masse concentré autour du divertissement, Séverine Arsène nous apporte une vision plus globale et chronologique de la question d’Internet en Chine. L’auteur ainsi ne cherche pas à donner son point de vue comme Ai Weiwei sur la question de l’interaction entre les médias sociaux et la politique. Son apport académique plus chronologique peut nous permettre au sein de notre cours, de percevoir la thématique d’Internet comme un reflet de l’évolution de la société en Chine. En effet avec une accentuation de plus en plus poussée vers une société de consommation et de divertissement, mais aussi de plus en plus interconnecté et mobilisé, Internet nous donne une vision plus réduite des enjeux de la Chine contemporaine. 

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