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2016/03/16

Wu Guoguang, "From Partial Liberty to Minimal Democracy"

Billet de Marie-Hélène Gendron

Wu Guoguang, "From Partial Liberty to Minimal Democracy:  The Political Agenda of Post-Reform China," Contemporary Chinese Thought 34.4 (Été 2003): 57-74.

Wu Guoguang est actuellement un professeur de l'université Victoria dans les départements d'histoire et de science politique.  Il s'intéresse surtout aux changements institutionnels, à la politique économique, à la globalisation, à la politique élitiste, aux médias et à la politique, et aux politiques étrangères et à la sécurité régionale, notamment en ce qui concerne la Chine, Hong Kong et Taiwan.  Il a été éditeur pour le People's Daily à Beijing et a participé aux réformes politiques des années 1980 en tant que conseiller.

Dans l'article «From Partial Liberty to Minimal Democracy» Wu Guoguang critique ouvertement la position des anti-libéraux qui soutiennent que la marchéisation est responsable des inégalités de la liberté en Chine.  Il s'appuie d'abord sur les réflexions d'Isaiah Berlin pour décrire les liberté positive et liberté négative, puis il explique comment la marchéisation a permis aux citoyens ordinaires d'atteindre la liberté négative.  Il n'existe pas de lien pour lui entre l'expansion de la liberté négative et du développement des injustices.  Pour lui le problème réside plutôt dans le domaine public.

La distinction entre liberté positive et liberté négative est assez mince et floue. Basée sur les théories de Berlin, la liberté négative est individuelle et autonome de toute forme d'interférence, alors que la liberté positive relève plutôt de la participation dans le domaine contrôlé par les autorités publiques.   Souvent, les Chinois de la nouvelle gauche nient l'existence d'une ligne de division entre l'individualité et la vie publique, ce que Wu associe à un point de vue qui tombe dans un modèle totalitaire.  Il associe la période post-Mao à la liberté négative alors que la liberté positive aurait pris plus de place lors du vivant de Mao Zedong.  Une des thèses de cet article est que l'on ne doit pas dissocier la liberté positive de la liberté positive.  Elles doivent coexister toutes les deux ensemble.  La liberté négative, donc qui se détache de l'état, n'empêche en aucun la liberté positive et la participation à la vie publique.  C'est le capitalisme qui aide à se détacher de l'État afin d'obtenir liberté et on commence ainsi une vie démocratique.  Si on n'a pas la combinaison des deux libertés, il n'y a tout simplement pas du tout de liberté.  En Chine, ce n'est pas le développement du marché et l'expansion de la liberté négative qui sont à l'origine des injustices.    La liberté négative est toujours partielle et en plein développement, c'est plutôt l'État qui est plutôt responsable de priver les plus faibles de leur liberté en favorisant ceux qui peuvent s'appuyer sur lui pour gagner sa liberté : on ne l'acquiert pas grâce à ses talents mais grâce à ses connexions.  On ne peut pas sacrifier sa liberté pour palier aux injustices pour la bonne raison qu'il n'existe pas trop de liberté.

L'autre thèse majeure est que la démocratie en Chine ne priverait pas de liberté, donc ce n'est pas un choix à faire entre liberté et démocratie, mais plutôt entre liberté et répression et entre démocratie et autoritarisme.  La liberté a besoin d'être protégée, ce qui n'est actuellement pas le cas et cela doit se faire par le biais de la démocratie.  Ce que propose Wu c'est d'adopter en Chine une démocratie minimale, dans laquelle on institutionnaliserait la liberté.  La démocratie minimale n'est qu'une étape de transition entre l'autoritarisme et la démocratie : on ne peut pas parler directement de démocratie parce que les gens ont des attentes beaucoup trop hautes par rapport à celle-ci ce qui mène à l'instabilité.  Ainsi la démocratie minimale n'est pas le stade final de transition.  Elle permet de promouvoir la liberté positive tout en garantissant la liberté négative.  Ce que Wu propose comme idéologie convenant le mieux à la Chine c'est donc le libéralisme politique, dont les objectifs se résument à institutionnaliser la liberté négative tout en promouvant la liberté positive dans la vie publique puis démocratiser l'État.

Ce qui est intéressant avec le point de vue développé par Wu Guoguang dans cet article, c'est qu'il ne s'intéresse pas seulement à l'aspect économique des libertés individuelles, même si on voit qu'elles jouent un grand rôle dans celles-ci.  D'autre part, il propose une voie médiane entre deux points de vue opposés afin de régler les problèmes internes de la Chine.  Je crois qu'on peut sentir qu'il critique également le gouvernement en place qui ne sert pas les intérêts des masses pour ne s'intéresser qu'à une partie de la population à qui il accorde des droits et libertés inaccessibles aux autres.  C'est une référence à la corruption et une critique du régime puisqu'il blâme les inégalités en terme de liberté sur l'État avant tout, plutôt que sur le développement économique de la Chine.

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