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2015/03/07

An Interpretation of the 'Comparatively Well-Off Society'

Texte de Milan Bernard

Cui Zhiyuan, « How to Comprehend Today's China: An Interpretation of the 'Comparatively Well-Off Society' », Contemporary Chinese Thought, 37.4 (Été 2006):  41-47. (Texte original publié en 2004). 

Professeur à l’Université Tsinghua à Běijīng, où il enseigne la politique publique comparée, la gouvernance et le développement, Cui Zhiyuan est une des figures de proue associée à la Nouvelle Gauche. S’identifiant au socialisme libéral de James Meade, Cui propose un développement permettant l’équilibre entre les besoins de la ruralité et de l’urbanité et le co-développement de la possession publique et du marché privé. Cette « voie chinoise » fut reprise comme « Modèle de Chóngqìng », dont il est le pilier intellectuel, allant jusqu’à siéger dans son gouvernement. 

Cui s’intéresse à la compréhension de la Chine actuelle, à travers l’angle d’ « une société relativement aisée » (comparatively well-off society). Il prétend que celle-ci peut s’appuyer sur une conception « petite-bourgeoise » du socialisme. Cui Zhiyuan utilise principalement des références à John Stuart Mill, Henry George et Pierre-Joseph Proudhon comme base théorique au concept de « petty (petit) bourgeois socialism » appliqué à la Chine. Celle-ci a déjà, pour Cui, utilisé les théories de ce « petty bourgeois socialism » dans ses grandes réformes, notamment par sa proposition d’une « économie de marché socialiste », une combinaison au cœur d’une lecture moderne de Mill ou de Proudhon.



Si les opinions occidentales de droite comme de gauche considèrent que les réformes de la Chine reposent principalement sur la privatisation et la libéralisation, une analyse théorique sous la lunette du socialisme petit-bourgeois va plutôt du côté des fondements de l’économie de marché socialiste, qui est en soi un concept clé et fondateur, et non un compromis politique ou rhétorique selon Cui. On peut le définir comme l'exploitation des biens socialisés dans une économie de marché, et c’est cela qui expliquerait les succès récents de la Chine. Le meilleur exemple est, toujours dans la lignée des trois penseurs évoqués tout au long du texte, celui des terres socialisées passant par la possession publique des terres, la socialisation des taxes foncières et le fonctionnement du marché comme moyen d'inviter les offres de celui-ci. Pour Cui, la social-démocratie, c’est-à-dire la considération combinée de l’efficacité et de la justice dans un système donné, fait face à plusieurs limitations et ne peut expliquer la société actuelle chinoise (« relativement aisée »), qui doit créer sa propre voie à l’image de son système. Étant donné que la social-démocratie est devenue une politique de sens commun, les gouvernements mondiaux de gauche ont montré qu’une fois au pouvoir, les politiques devenaient à peu près du même ordre que celles mises de l’avant par les gouvernements de droite. 

Cui Zhiyuan considère que le système d’entreprise moderne et la réserve socialisée des terres soutiennent le fait que des éléments constructifs peuvent être décelées dans la pensée « petty bourgeois socialism » pour l’élaboration des concepts théoriques que sont la « société relativement aisée » et « l’économie de marché socialiste ». La spécificité de la Chine doit être prise en considération : le succès actuel du pays à travers ses réformes ne peut s’expliquer, pour Cui, par le socialisme traditionnel, le capitalisme ou la social-démocratie à l’occidentale. Ainsi, pour obtenir un succès autant objectif (au niveau de la compréhension) que normatif (dans une quête d’équité et de liberté), il faut explorer un nouveau cadre conceptuel propre à la Chine. 

Le texte de Cui Zhiyuan tente de mettre en place les fondements théoriques d’une nouvelle lecture. Entre autres, par sa référence aux concepts de Henry George, Cui dit ne pas vouloir « forcer » l’étiquette de socialisme petit-bourgeois à la réalité chinoise, mais cherche plutôt à démontrer que les Chinois devraient prendre conscience des caractéristiques chinoises (principalement, la combinaison des biens socialisés et de l’économie de marché) dans l’exploration des innovations systémiques en Chine. Cette prise de conscience serait possible grâce à un cadre théorique, absent de la Chine et est nécessaire pour ne pas perdre des acquis détenus dans un premier temps. 

Cui présente un texte très « chinois », par son insistance affirmée sur le besoin de trouver une voie nationale pour la politique chinoise et sur la nécessité d’une lecture interne de ce pays pour sa compréhension actuelle, hors des cadres et paradigmes étrangers.  En outre, malgré cet aspect très répétitif, il s’agit d’une contribution intéressante à la formation d’une nouvelle convergence entre les idées libérales et sociales ainsi que des fondements théoriques occidentaux par rapport au contexte pratique chinois, avec des éléments évocateurs, comme par exemple le cas de Hègǎng. 



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